vendredi 14 juin 2013

INTERVIEW - "A la revue Schnock, notre message est moderne"


Buzz : En sept numéros, Schnock s'est imposé comme un pilier de librairie (allez pas le chercher en kiosque). Avec intelligence et beaucoup d'humour, l'équipe rédactionnelle revisite les Trente Glorieuses made in France et voyage dans nos souvenirs pour en extraire le culte et le ringard. C'est toujours bien vu et surtout, bien écrit. Et les témoignages des "Schnocks" survivants de cette époque sont passionnants. De quoi nous réconcilier avec les années sous-pulls et mocassins à glands.

Donc si, comme moi, tu es fan des années 80 (sans pour autant être fan jusqu'au bout d'Estaing), mais aussi des années 70, 60, et caetera, tu ne dois pas passer à côté de Schnock. Et encore moins à côté de l'interview de Christophe Ernault, co-rédacteur en chef de ladite revue. Découvre ci-dessous les questions sans concession que nous lui avons adressées par mail, et ses réponses sans langue de bois reçues par le même biais (notre 3615 ne fonctionnant plus).



Comment résumer l'esprit Schnock : "c'était mieux avant" ou "c'était vieux avant" ?
Christophe Ernault : "C’est mieux pendant". Le passé n’est qu’un matériau. Mais le message est moderne. C’est notre regard sur certains aspects (j’insiste sur certains) de notre passé qui fait Schnock. On est dans la re-création, quasiment dans le faux-souvenir induit.

Qu'est-ce qui distingue un vieux Schnock d'un ringard ? Et un jeune Schnock d'un hipster à moustache ?
Le Schnock a de l’humour et paie sa tournée. C’est ce qui le distingue du tocard.

Grâce à vous, le lecteur se rend compte que la France des Trente Glorieuses abritait en son sein des artistes qui, sous des dehors plus ou moins franchouillards, étaient visionnaires, iconoclastes, punk avant l'heure. Finalement, l'agenda secret de Schnock, comme disent les Américains, ce ne serait pas de réhabiliter Pompidou et Giscard ?
Absolument pas. Parce qu’il faudrait réhabiliter le SAC, la Françafrique, et Mike Brant ? Non… On reste sur une proposition : relire les œuvres, redécouvrir les évènements et reconsidérer les personnages de cette époque.

Comment vous y prenez-vous pour retrouver les pépites oubliées d'antan : vous avez gardé toutes vos VHS et votre collection de Ciné Télé Revue ? Un bol de Viandox et les souvenirs affluent ?
J’ai pour ma part la collection des fiches de Monsieur Cinéma, qui constitue la majeure partie de notre documentation, avec quelques vieux Télé-Poche.

En sept numéros, vous avez dû rencontrer de sacrés Schnocks : qui a été le plus difficile à interviewer ou le plus passionnant à écouter ?
On rencontre souvent une difficulté inhérente à notre problématique mémorielle : les gens ne se souviennent plus de grand-chose… En ce qui me concerne, le plus passionnant à interviewer a été Jean-Marie Poiré. Six heures d’entretien dantesques de la part d’un mec qui a tout connu depuis cinquante ans : le grand public et l’underground, la comédie franchouille et le glam-rock, Warhol et Clavier, Mekas et Audiard, Chrissie Hynde et Jaqueline Maillan… Un grand moment Schnock.

La revue bénéficie d'un excellent bouche à oreille : est-ce à dire que dans un secteur mal en point, Schnock ne connaît pas la crise ?
A priori, ça marche pas mal. On en vend pas non plus 18 millions, hein ? Mais comme on disait en 73 : "En France on a pas de pétrole mais on a des idées".
  
Quel avenir pour Schnock : des bonus vidéo sur votre site internet ? des interviews de Schnocks d'Hollywood ?
Tout le monde fait tout sur Internet et certains très bien, je ne vois pas quelle serait notre originalité en la matière, à part faire des interviews qu’on voit partout, tout le temps, avec les mêmes questions dégoulinantes : "Alors, Alain Delon, Romy Schneider vous manque ?"… Pour Hollywood, tout est ouvert, c’est surtout par manque de proposition. Mais un Gene Hackman, un Bob Duvall ou un James Caan seraient pas dégueu à côté de Jean-Pierre Marielle et Jean Luisi…

Suivez Christophe Ernault sur Twitter : @SchnockRevue
et allez faire un tour sur le site officiel de Schnock.
Sinon, le co-Schnock en chef écrit des livres (son recueil de nouvelles intitulé Playlist est publié chez Antidata) et chante de la pop sous le nom d'Alister (regardez le clip de La Femme Parfaite).

Anderton

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