dimanche 18 août 2024

Alain Delon, ses pépites méconnues (4/4)

Dernier rendez-vous avec Alain Delon, dont nous revisitons la filmographie. Après ses chefs-d'oeuvre, ses polars et ses nanars, terminons par 11 perles méconnues ou à redécouvrir.



L'Insoumis (1964) : pour son 2e film, Alain Cavalier traite d’un sujet brûlant la guerre d’Algérie, à travers le destin d’un soldat déserteur qui passe à l’OAS. Delon y est magnifié, irradiant de beauté et de grâce. Coïncidence : au même moment, son jumeau ombrageux Maurice Ronet tenait un rôle existentiel similaire dans le très beau Feu Follet de Louis Malle.  


Les Félins (1966) : sous la direction de René Clément, Delon campe un truand en cavale réfugié dans une villa cannoise, dont les propriétaires sont de riches Américaines. Huis clos sensuel et claustrophobique, le film dégage une perversité sourde, qui n’est pas sans rappeler celle des Proies (1971), de Don Siegel. 



Les Aventuriers (1967), de Robert Enrico. Un des secrets les mieux gardés du cinéma français des années 60. Les Aventuriers, sous ses allures de comédie d’aventures viriles, cache un trésor de mélancolie, pop et insouciant, totalement inattendu. Il faut donc redécouvrir au plus vite ce qui reste l’un des plus beaux films (tout court) d’aventures français. Et redécouvrir Delon, en jeune casse-cou, fou d’aéronautique, solaire et en total lâcher-prise – il faut le voir en danseur africain sur le voilier, déchaîner son corps au son d’un groupe précurseur des Tambours du Bronx pour le croire ; c’est son Homme de Rio à lui (lire notre chronique plus complète).


William Wilson (1968) : dans ce sketch de Louis Malle adaptant une des Histoires Extraordinaires de Poe, Delon se trouve face à 2 mythes : Brigitte Bardot et… lui-même ! Une fable troublante et très réussie. Dommage que la mésentente Malle-Delon n’ait pas permis à ce fructueux duo de se reconstituer.


Le Professeur (1972) de Valerio Zurlini. Dans un rôle initialement prévu pour Marcello Mastroianni de professeur de littérature dépressif, s’adonnant au jeu et à l’alcool, mal rasé, mal habillé, Delon excelle en dans ce rôle tout en nuances initialement prévu pour Mastroianni. Enthousiaste, Delon co-produit le film, qui a pour cadre la station balnéaire de Rimini, plongée dans la brume et la morosité.



Un flic (1972) de Jean-Pierre Melville. A peine cité parmi les œuvres du cinéaste. On préfère plus volontiers parler de tous les autres, mais pas de celui-ci. Une injustice, car il s’agit d’un très grand film, le dernier de son réalisateur, qui signe son œuvre testamentaire. Le cinéaste meurt peu de temps après la sortie du film. Mortifère, ombrageux et enivrant. Le côté obscur de Delon.


Traitement de choc (1973) d’Alain Jessua. Dans le rôle à contre-emploi d’un chef de clinique aux méthodes peu orthodoxes, Alain Delon donne la réplique à Annie Girardot dans ce thriller aux allures de fable sur les relations entre pays riches et pays pauvres. Resté célèbre en son temps pour la course sur la plage de Belle-Ile, au cours de laquelle les deux acteurs apparaissent intégralement nus.


Scorpio (1973) : 10 ans après Le Guépard, nouveau duel Delon-Lancaster, dans ce film d’espionnage signé Michael Winner (lire notre critique). Son unique incursion réussie dans le cinéma américain, le reste étant constitué de vrais nanars (Les tueurs de San Francisco ou Texas, nous voilà !) ou de projets avortés (un film signé Sam Peckinpah).


Attention, les enfants regardent (1978) : un thriller bien étrange signé Serge Leroy, sur les rapports enfance, violence et télévision. Dans le rôle d’un inconnu aux prises avec un groupe d’enfants abandonnés à eux-mêmes, Delon est étonnant d’ambiguité. Et rappelle bien des fois Mitchum dans La Nuit du chasseur – c’est dire ! Un film à redécouvrir.


Notre histoire (1985). Alcoolique et garagiste, Delon semble hagard, égaré dans l’univers labyrinthique de Bertrand Blier. Robert Avranches à la reconquête de Donatienne, Nathalie Baye, à travers une France peuplée d’autoroutes, de dancings et de trains. Etonnamment, Delon y trouve toute sa place dans ce rôle de loser. Son seul César. 


Nouvelle vague (1991) : Godard s’attaque au mythe Delon pour une nouvelle histoire de double. Godard n’est pas ma tasse de thé, mais là, on ne peut qu’être subjugué par la lumière, le cadrage et la musique. Et Delon, filmé comme une montagne, comme un être là.

Et retrouvons l’acteur décrypté par l’équipe de Blow Up :



Travis Bickle

Aucun commentaire: