lundi 22 septembre 2025

Le Clan des bêtes : un thriller tendu d'une grande maîtrise

Le Clan des bêtes DVD CINEBLOGYWOOD

L'Irlande et ses vertes vallées, oubliez. Avec Le Clan des bêtes (Bring Them Down), Christopher Andrews nous fait changer d'Eire pour nous entraîner dans un thriller tendu et parfaitement maîtrisé. Disponible en vidéo chez Blaq Out.


Dans un coin reculé de l'île, Michael O'Shea élève un troupeau d'ovins. Un travail dur qu'il effectue sous les récriminations constantes de son père, trop vieux pour quitter la ferme familiale. Les relations avec leurs voisins, les Keeley, éleveurs comme eux, ne sont pas au beau fixe : une sombre histoire d'accès à un terrain. Et puis, Gary a épousé l'ex-petite amie de Michael, avec laquelle Keeley a eu un fils, Jack. Un jour, ce dernier annonce à Michael qu'il a retrouvé deux de ses bêtes mortes sur sa propriété. Mais Michael est persuadé que ses animaux lui ont été volés afin d'être revendus au marché. Les rapports s'enveniment rapidement.

Le Clan des bêtes est surprenant à plus d'un titre. Pour son premier long-métrage, Christopher Andrews démontre un savoir-faire et une maîtrise aussi impressionnants l'un que l'autre. Il faut dire que le réalisateur n'est pas un nouveau venu dans le monde du cinéma et qu'il a eu l'occasion de faire ses armes à différents postes, comme l'explique le journaliste Aurélien Allin dans un passionnant entretien en bonus. La mise en scène, le montage, la photo de Nick Cooke et le travail sur le son instaurent un climat de tension qui va crescendo. Surprenante aussi, la construction du récit met en opposition deux points de vue, celui de Michael puis celui de Jack. Pour autant, Andrews évite les effets de miroir où une même scène est montrée de deux angles différents. Au contraire, il enrichit la narration, apporte un éclairage différent à la situation en collant à la psychologie du personnage qui la vit. Ce faisant, le film échappe au manichéisme. Une approche nuancée à mettre également au crédit des comédiens : Christopher Abbott tout en intensité contenue, Barry Keoghan qui dévoile les fragilités de son personnage de petite brute, Colm Meaney en paternel incapable de tendresse.

Surprenante encore, cette volonté du cinéaste de refuser la violence gratuite. Elle est omniprésente, réservant quelques séquences fortes, traumatisantes. Et pourtant, aucun voyeurisme, aucun plaisir malsain à montrer la bestialité d'hommes rudes qui n'hésitent pas à faire parler les armes. Christopher Andrews nous amène à reconsidérer l'inéluctable. Aussi ténu soit-il, l'espoir n'a pas abandonné ces terres peu hospitalières, où le paysan doit travailler dur pour gagner sa maigre pitance. Par son approche naturaliste, la vision marquante du cinéaste, l'excellence des comédiens... il y a comme un air de famille entre Le Clan des bêtes et As Bestas. C'est dire l'excellence de ce premier film.

Anderton


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