A lire : Explosion à la Maison-Blanche, invasion puis occupation du Canada par les Etats-Unis, guerilla des résistants canadiens contre l'envahisseur yankee... Non, ce n'est pas la conséquence du G7 tendu qui se termine aujourd'hui au Québec mais le point de départ de We Stand On Guard, une excellente bande-dessinée signée Brian K. Vaughan et Steve Skroce.
Improbable, cette histoire ? Pourtant, le gouvernement américain a bel et bien imaginé un plan d'invasion du Canada dans les années 1930. A partir de cet étonnant fait historique, le scénariste Brian K. Vaughan nous transporte à Ottawa, en 2112. Une famille canadienne découvre à la télévision l'attentat qui détruit la Maison-Blanche. En représailles, l'armée américaine lance l'assaut sur la capitale canadienne. Le domicile de la famille vole en éclats. Seuls survivants : une petite fille nommée Ambre et son grand frère. Quelques années plus tard, Ambre, devenue une jeune femme, traque impitoyablement les soldats américains et leurs immenses robots.
Auteur de comics géniaux (Y Le Dernier Homme, Saga, Pride of Baghdad...) et scénariste sur Lost ou la série Under The Dome, Vaughn montre à nouveau qu'il maîtrise son art. Celui de raconter une histoire. D'un sujet original, il construit un récit aussi huilé que les gigantesques armes de guerre de l'Oncle Sam. Le risque était d'en rester à un affrontement spectaculaire entre hommes et machines au coeur des étendues glacées. Mais le scénariste est plus intelligent que cela. L'histoire est ponctuée de flashbacks qui permettent de suivre les parcours d'Ambre et de son frère, orphelins qui tentent de survivre dans un pays occupé. Et c'est l'une des autres forces de Brian K. Vaughan : les personnages restent au premier plan. Même si l'histoire et l'Histoire s'abattent sur leurs vies, ils ne sont jamais engloutis par les péripéties et les nombreux rebondissements. Ils existent. Leurs personnalités sont révélées progressivement, au point que leur sort nous touche.
Tout au long de l'album, Vaughan nous raconte notre monde actuel et ce qu'il pourrait devenir dans une centaine d'année. L'omniprésence de la technologie, l'impact des catastrophes écologiques, les atteintes portées à la démocratie... On est loin du progrès bienfaiteur vanté par Jules Verne. L'auteur en profite également pour mettre en valeur des personnages aux origines et orientations sexuelles diverses. Sans en rajouter des tonnes.
Le récit est superbement illustrée par Steve Skroce. Son dessin hyper-réaliste, à la Geof Darrow (avec lequel il a collaboré dans le passé), fourmille de détails que l'on prend plaisir à admirer au sein de grandes cases. Même précision lorsqu'il s'agit de mettre en scène les scènes d'affrontement : elles sont violentes, graphic comme on dit Outre-Atlantique. Membres arrachés, têtes explosées... rien ne nous est épargné. Et le trait de Skroce, enrichi des belles couleurs de Matt Hollingsworth, contribue à donner du souffle à l'histoire et à lui donner un aspect véridique.
Planche tirée de la version originale |
Ce bel album, édité chez Urban Comics, comprend par ailleurs un cahier de croquis. Donnez l'assaut à votre libraire, We Stand On Guard mérite de figurer dans votre bédéthèque.
Anderton
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