mardi 14 juin 2022

Licorice Pizza : romance échevelée dans la Valley

Licorice Pizza Blu-ray CINEBLOGYWOOD


En Blu-ray et DVD : Universal Pictures a sorti en vidéo Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson. Une histoire d'amour échevelée (et chevelue) dans les 70's à Los Angeles portée par un duo aussi frais que solaire (oui, c'est possible) : Alana Haim et Cooper Hoffman.


Dix ans séparent Gary, un acteur teenager, d'Alana, l'assistante d'un photographe venu tirer le portrait des élèves du lycée d'Encino, dans la San Fernando Valley, au nord de Los Angeles. Pour Gary, c'est le coup de foudre et c'est plein d'assurance qu'il invite la jeune femme à dîner. Elle accepte, non sans calmer ses ardeurs. Débute alors entre Alana et Gary une relation toute en séduction et prises de bec.

Voilà pour le pitch. Un peu court, jeune homme ? Maybe, baby. C'est d'ailleurs ce que certains spectateurs reprochent au film : son scénario plus fin qu'un papier à rouler (un joint). Et la dramaturgie, bordel ? Je peux comprendre que le film en laisse sur le bord de la route. Après tout, la réglisse (licorice in English), on aime ou on déteste, il n'y a pas de juste milieu. Bon, perso, ce bonbon en rouleau me débecte mais pour le coup, j'ai été embarqué par cette histoire d'amour à la "Cours après moi que je t'attrape".

Car Gary et Alana n'arrêtent pas de courir tout au long du film. Un comble pour un film qui se déroule à Los Angeles. Oh il est bien question de voitures, d'une moto et même d'un camion mais la crise pétrolière - nous sommes en 1973 - provoque des pénuries d'essence et les véhicules ont bien du mal à rouler. Qu'importe. Gary et Alana ont l'impatience de la jeunesse. Ils courent après des projets (vendre des matelas à eau, ouvrir une boutique de flippers, devenir comédien, soutenir un homme politique...), en s'y investissant à fond mais sans trop y croire. Ils courent surtout l'un après l'autre, tout en veillant à ne pas se rattraper tout de suite. Depuis Pascal, on sait que l'homme préfère la chasse à la prise. La femme, aussi.

Valley girl (and boy)

Paul Thomas Anderson filme une romance entre un ado qui veut grandir trop vite et une jeune femme qui peine à devenir adulte. Leur attirance saute aux yeux mais Gary et Alana vont prouver leur amour en l'éprouvant. Dans ce jeu de chat et de souris, les personnages sont incarnés par deux formidables comédiens - Alana Haim et Cooper Hoffman. Loin des canons hollywoodiens, ils présentent des physiques tout ce qu'il y a de plus normaux, angulaire pour l'une, rond pour l'autre, avec des peaux dont on devine les imperfections et remarque les rougeurs et boutons. Des corps et épidermes que PTA n'a pas chercher à embellir. Le maquillage est raccord avec le jeu naturaliste d'Alana et Cooper et leur fraîcheur bienvenue. Ils apportent à leurs personnages l'excès de confiance mâtiné d'inquiétude de l'âge ingrat. Et c'est en cela qu'ils nous charment et nous captivent malgré l'apparente absence d'enjeux dramatiques. La clique de lost boys qui papillonne autour du duo est toute aussi emballante. Le jeune Skyler Gisondo, les soeurs et parents Haim, George DiCaprio (oui, le père de) côtoient Bradley Cooper, Sean Penn, Ben Safdie, Tom Waits et Maya Rudolph dans un casting hétéroclite mais qui tient la route.

Et puis, il y a Los Angeles. Enfin, Encino. Après Boogie Nights et Magnolia, PTA continue de mettre en scène les habitants extravagants de la San Fernando Valley, cette entité autant géographique que culturelle au sein de la mégalopole californienne. Qu'on soit allé ou non dans cette banlieue foutraque, on en ressent les ondes uniques, liberté de ton et de moeurs dans un environnement utilitaire et kitsch que met en valeur la photo de Michael Bauman et Paul Thomas Anderson. On en parcourt les rues aux sons d'un score impeccable, allant de Donovan à Paul McCartney, en passant par Chuck Berry, Nina Simone, les Doors ou Bing Crosby.

Où PTA veut-il en venir ? Chais pas et je m'en fous. J'ai suivi Alana et Gary dans leur virée amoureuse et ça m'a plu d'assister à leurs délires, à leur flirt sous tension, à leurs rendez-vous manqués. L'édition vidéo nous offre de découvrir les essais de Haim et Hoffman - dont la complicité semble réelle - ainsi que des instantanés de tournage, mêlant images vidéo et photos. Des bonus moins formatés qu'à l'habitude et dans l'esprit du film.

Anderton


Aucun commentaire: