L'univers White Knight créé par Sean Murphy s'enrichit d'un nouveau tome : Batman beyond the White Knight. L'occasion pour le scénariste et dessinateur de remettre au premier plan un Bruce Wayne âgé, honni mais déterminé à libérer Gotham de l'emprise d'un homme d'affaires omnipotent.
Rappel : Sean Murphy a déconstruit le mythe du Chevalier noir en imaginant que les citoyens de Gotham en ont eu assez des agissements du justicier. Non seulement sa lutte contre le crime a provoqué des millions de dollars de dégâts mais la fortune de Bruce Wayne s'est révélée bien mal acquise. Le Joker, guéri de sa folie, est devenu politicien : Jack Napier le Chevalier blanc. Bruce Wayne se laisse emprisonner tandis que ses millions et ses gadgets sont utilisés pour instaurer la paix civile. Or, on sait que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. Mais Derek Powers, qui contrôle désormais le pactole Wayne, n'a visiblement pas lu Spider-Man. La métropole devient une dictature miniature où les forces de l'ordre font la loi et suscitent l'effroi. Dans ce nouveau volume, Bruce Wayne décide alors de s'échapper du pénitencier pour rétablir la justice. Il répugne toutefois à enfiler de nouveau son costume iconique.
Le "Murphyverse" tient la route. Au fil des quatre albums (trois avec Batman et un avec Harley Quinn), Sean Murphy a établi un univers cohérent, riche aussi bien en enjeux et questionnements quasi métaphysiques qu'en séquences d'action trépidantes. La Batman Family y apparaît sous un nouveau jour, de même que ses ennemis légendaires. Les traumatismes de chacun se révèlent de manière lancinante ou lors d'éruptions de rage et de désespoir. Bruce Wayne se prend en pleine face la douleur de ses protégés. Le héros est amené à remettre en cause sa manière d'agir mais aussi d'être.
Blessures à vif
Bien entendu, l'auteur n'est pas le premier à questionner l'attitude du Chevalier noir, ni à lui donner le mauvais rôle. Mais il n'en fait pas simplement un méchant et le Joker un gentil par un renversement des rôles basique. Il creuse la psyché de chacun, gratte des blessures à vif avec intelligence, sensibilité et une touche d'humour. La finesse et le dynamisme de son trait ainsi que son art de la mise en scène, réhaussé par la magnifique mise en couleurs de Dave Stewart, font de Batman Beyond The White Knight un page turner qui se termine dans un climax haletant. Avec un cliffhanger qui annonce une suite prometteuse.
Le récit est interrompu par un interlude consacré à Robin / Jason Todd, qui lui aussi veut se racheter. Clay McCormack signe le scénario qu'illustre Simone Di Meo avec son style proche du manga, qui fait la part belle à des points de vue au grand angle, qui étirent les corps comme les perspectives.
Urban Comics complète ces excellentes histoires (découvrez les premières pages) par la présentation de quelques planches encrées, sans couleurs ni bulles, qui donne à voir toute la maestria artistique de Sean Murphy.
Anderton
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