vendredi 14 juillet 2023

Comics - Lazarus : guerres dynastiques pas si dystopiques

Lazarus BD comics CINEBLOGYWOOD

Comment suis-je passé à côté de Lazarus ? Il a fallu que Urban Comics republie en grand format le premier volume de l'intégrale de cette saga dystopique créée en 2013 pour que je découvre l'oeuvre intense, intelligente et presciente de Greg Rucka et Michael Lark.

De prime abord, Lazarus a tout d'un récit post-apocalyptique. Dans un futur proche, les Etats se sont effondrés, les frontières redessinées. Les nouveaux maîtres du monde sont des richissimes familles qui contrôlent de vastes étendues et ceux qui y habitent. Lesquels héritent du statut de serf ou de celui de déchet. Les serfs sont ceux dont les compétences servent aux familles : ce sont des employés corvéables à merci mais qui bénéficient de conditions de vie sans commune mesure avec celles des déchets, c'est-à-dire du reste de la population, qui survit comme elle peut. La famille Carlyle, sous l'autorité implacable du patriarche Malcolm, contrôle tout l'Ouest des Etats-Unis et du Canada. Elle a établi avec ses voisins, les familles Bittner et Morray, des relations tendues ou conflictuelles. De même, Malcolm Carlyle entretient un esprit de compétition au sein de sa lignée : cinq enfants, dont une fille, Forever, une redoutable cheffe de guerre, aux extraordinaires capacités physiques. Sa force repose sur un secret... de famille.

Première originalité : on ne ne sait pas ce qui a plongé le monde dans le chaos (en tout cas, pas dans ces neuf premiers épisodes) mais on se doute que la richesse et la rapacité des familles, à la tête de puissantes multinationales, y sont pour quelque chose. Les Carlyle préfigurent les Roy de la série Succession et évoquent furieusement les Trump. D'où le sentiment prégnant qui accompagnent la lecture de l'album : on ne lit pas une BD d'anticipation mais une histoire qui pourrait s'avérer prophétique.

Dy... nasty

Greg Rucka a écrit un récit crédible et surtout prenant. Chaque chapitre frappe par sa densité et nous réserve son lot de rebondissements et de séquences d'action très "graphiques". Le scénariste n'oublie jamais ses personnages. Au contraire, ils constituent la sève de Lazarus. La personnalité de chacun est développée avec beaucoup de nuances au fil des pages. Alors que Forever Carlyle apparaît au départ comme une redoutable machine à tuer, on découvre peu à peu son horrible jeunesse en même temps que ses doutes surgissent au point d'ébranler ses certitudes. Brillant !

L'approche très cinématographique de Michael Lark et son dessin au trait charbonneux nous transportent dans une ambiance sombre et inquiétante (découvrez les premières planches). Magnifique édition grand format, complétée de multiples bonus. Je suis accro !

Anderton


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