Des zombies aux démons... Charlie Adlard a mis en images l'univers de Walking Dead créé par Robert Kirkman. Dans Damn Them All, dont le deuxième et dernier tome est publié chez Delcourt, le dessinateur britannique et son compatriote, le scénariste Simon Spurrier, s'intéressent à l'occulte avec sang pour sang d'originalité.
Enfant, Ellie a été initiée aux arts occultes par son oncle Alfie. Douze années ont passé, Ellie est devenue "une criminelle qui arrondit ses fins de mois grâce à sa connaissance de l'occulte" et Alfie, et bien Alfie vient de mourir. Une disparition qui coïncide avec la libération de 72 démons. Frankie, le gangster pour qui Ellie bosse, veut s'en emparer, tout comme le Club des 500, une communauté versée dans l'occultisme. Mais ce n'est pas si simple, prévient Ellie. "La magie ne fonctionne pas sans sacrifices". Frankie n'en a que faire et Ellie n'a pas le choix. A Londres, rituels et invocations se multiplient, règlements de compte sanglants aussi.
Gore buster
Spurrier et Adlard créent une héroïne badass, experte en élaboration de conjurations et en maniement du marteau. Autant dire qu'elle ne s'en laisse pas compter, ni par les petites frappes, ni par les démons. Elle envoie les uns comme les autres en enfer. Pas de sentiment. A ses côtés, Dora Lafon, une ex-flic de La Nouvelle-Orléans. Toutes les deux croisent une pelletée de tarés, prêts à tout pour s'enticher d'un esprit malfaisant comme si c'était un Pokémon. Sauf que chaque invocation suscite des hallucinations et des nausées. Mais ceux qui souffrent le plus, ce sont les démons ! "Nous sommes esclaves d'hommes maléfiques", explique l'un d'eux, foudroyé de douleur. Retournement original ! Les monstres ne sont pas ceux que l'on imaginent. D'ailleurs, Spurrier et Adlard en profitent pour brosser un tableau au vitriol de la société britannique. Avidité, violence, racisme. Perfide Albion.
Le récit fait la part belle à l'écrit. La plume de Spurrier - qui s'y connaît en fantastique puisqu'il a bossé sur la série Hellblazer - est alerte et imagée, dans le droit fil des meilleurs polars. En plus d'une voix off, chaque chapitre est entrecoupé des notes de l'oncle Alfie, qui décrit les principaux personnages, notamment les démons et l'univers dans lequel ils évoluent, pentagrammes et symboles à la clé. Le dessin d'Adlard, plus détaillé que dans Walking Dead, fait mouche. Surtout, le dessinateur et la coloriste Sofie Dodgson parviennent à créer une ambiance inquiétante, malsaine (découvrez les premières planches). Ils utilisent au mieux les effets de relief et de floutage que permet la tablette graphique pour accentuer le côté surnaturel de l'apparition des démons.
Le premier tome était damn good ; le second (dont voici les premières pages) conclut en beauté ce diptyque qui mêle surnaturel flippant et hard boiled sanglant, avec une pincée de sexe et d'humour en prime.
Lisez l'interview que Charlie Adlard nous avait accordée en 2011.
Anderton
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire