Le regretté André Juillard revient dans un album de BD post-mortem forcément émouvant mais surtout terriblement actuel. Signé Olrik (Editions Blake et Mortimer), dont Yves Sente a écrit le scénario, confronte Blake et Mortimer aux périls du nationalisme et du racisme.
Deux thématiques singulières pour le duo de personnages inventé par Edgar P. Jacobs. Certes, depuis le mitan des années 1990, un groupe d'auteurs a contribué à donner un coup de fouet à l'un des fleurons de la bande dessinée franco-belge. Yves Sente et André Juillard ont contribué à cette démarche à la fois respectueuse d'un style et résolument moderne. L'ouverture de Signé Olrik se caractérise à ce titre par sa noirceur, avec la pendaison de l'ennemi juré de Blake et Mortimer. Il sera ensuite question de prisonniers politiques, de revendications nationalistes, de terrorisme, de haine de l'immigré... Comme un miroir de notre époque.
Pour autant, Sente et Juillard ne sacrifient jamais l'intrigue à ce contexte politique. Au contraire, elle s'en nourrit habilement, emportant le lecteur au coeur des Cornouailles, terre de légendes et région en pleine reconstruction industrielle. Un mystérieux Grand Druide tente de retrouver la mythique épée Excalibur et le trésor du Roi Arthur. L'aventure est évidemment au rendez-vous, le fantastique infuse le réel.
Le scénario de Sente est magnifiquement mis en images par Juillard, qui amène du dynamisme au style classique de Jacobs dans une ambiance qui évoque la période anglaise d'Alfred Hitchcock. Du grand art. Apprécions ce beau cadeau (lire un extrait) que nous laisse le dessinateur, disparu cet été et auquel son compère rend un émouvant hommage. A nous aussi, il va manquer.
Anderton
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