Les éditions Delcourt publient deux excellents comics qui frappent fort et dur. Poussière d'os est de la science fiction postapocalyptique, La Maison des impies un thriller horrifique. Nous sommes prévenus en 4e de couverture : "Pour public averti".
Ed Brubaker et Sean Phillips : La Maison des impies (Delcourt)
Natalie Burns loue une cabane isolée au fond d'un bois. De son coffre, elle extrait une adolescente ligotée. Vous voulez en savoir plus ? Vraiment ? Bon, la "kidnappeuse" se fait arrêter mais un agent du FBI la libère et l'embarque sur la piste d'anciens camarades baptisés par la presse "Les Six de Satan". Six enfants qui avaient déclaré avoir été victimes de rituels satanistes. Natalie voudrait oublier, elle en fait des cauchemars mais l'agent West la renvoie dans son traumatisme : il tente d'arrêter un tueur qui assassine les Six de Satan l'un après l'autre.
Je suis un grand fan du duo Brubaker-Phillips. Ensemble, ils ont revisité le polar dans des séries ou récits complets, comme La Maison des impies. Brubaker excelle à mettre en place un récit qui happe le lecteur dès les premières pages (à découvrir ici). Il crée des personnages à la personnalité trouble, plongés dans des situations tordues. Avec une bonne dose de violence et de sexe. C'est encore le cas dans cet album qui dégage en plus une ambiance malsaine liée à son sujet : le satanisme. Sean Phillips nous régale avec son dessin réaliste et inquiétant, qu'il met en page avec une efficacité cinématographique. Et n'oublions pas le troisième pilier du duo, Jacob Phillips, fils du dessinateur, dessinateur lui-même et surtout formidable coloriste : pour donner une ambiance à chaque séquence, une tonalité de couleurs qu'il applique presque à la manière d'une aquarelle. Encore une réussite.
Ben Stenbeck : Poussière d'os (Delcourt)
Attis, une intelligence artificielle, fait durer sa mission sur Terre, fascinée par les vestiges d'un monde ravagé. Les quelques humains qui l'habitent se répartissent en groupes nomades, prêts à tout pour obtenir de l'eau ou de la nourriture, ne rechignant pas à pratiquer le cannibalisme. Un enfant solitaire défie ces bandes barbares auxquelles il vole de quoi assurer sa survie. Sa tête est mise à prix.
Collaborateur de Mike Mignola, Ben Stenbeck frappe un grand coup avec cet album dont on espère qu'il est le premier d'une longue série. Il crée un univers à mi-chemin entre Mad Max et La Route, dans lequel il infuse une bonne dose de science fiction (découvrez les premières planches). Elle apporte un semblant d'espoir à un monde régi par une implacable violence. L'auteur questionne ainsi ce qui qualifie l'humanité, dénonçant notre folie destructrice, notre goût pour la domination, notre capacité à créer des cultes sordides. L'univers de Poussière d'os est d'autant plus cru que le dessin de Stenbeck, splendide, se caractérise par sa clarté et son sens du détail. Magnifiques couleurs signées Dave Stewart. On s'attarde sur chaque case, malgré le rythme prenant mis en place par l'auteur. En bonus, une galerie d'illustrations, couvertures alternatives et croquis préparatoires.
Anderton
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