Les éditions Urban Comics mettent les Monstres d'Universal à l'honneur, ou plutôt à l'horreur. Dracula et la Créature du lac noir inaugurent la bien nommée collection Universal Monsters, bandes dessinées au grand format, tandis que Frankenstein "ressuscite" au sein des Creatures Commandos.
James Tynion IV et Martin Simmonds : Dracula (Urban Comics)
Le Dr Seward tente de guérir un patient bien étrange : le chétif Renfield est le seul survivant d'un massacre qui s'est produit à bord d'un navire arrivé à Londres. Quatorze marins retrouvés égorgés. Renfield tient des propos incohérents sur son "maître" qui viendra le délivrer. Un cas qui relève de la psychiatrie pour le Dr Seward ; la victime d'un envoûtement selon le Pr Van Helsing. Lors d'une soirée, Seward et sa fille Mina croisent le chemin d'un étrange comte venu de Transylvanie. Lequel semble exercer sur eux "une bien curieuse emprise".
Comme le veut cette collection, James Tynion IV revisite le Dracula de Todd Browning (1931), première adaptation officielle du roman de Bram Stoker. Le scénariste excelle à faire vivre des personnages dont il révèle les tourments intimes. Et il a ici à sa disposition une belle galerie de personnalités troublées, au premier rang desquels Renfield, représenté comme une fusion entre Edward Scissorhands et le Joker. Le vampire ne tient pas le premier rôle : c'est une évocation qui instaure une atmosphère inquiétante tout au long du récit. Ses apparitions sont fugaces, jaillissements de violence bestiale qui éclabousse de sang les planches de l'album. Splendides dessins, enfin je devrais écrire peintures, de Martin Simmonds qui nous captive autant par sa mise en scène de conversations traitées au sépia que par ses pages sans dialogue, où il fait exploser les cases pour composer de terrifiants tableaux noirs et rouges. Un magnifique album (découvrez les premières planches).
Dan Watters, Ram V et Matthew Roberts : L'Etrange créature du lac noir vit toujours (Urban Comics)
Kate Marsden peine à se remettre d'une agression où elle a failli mourir noyée. La journaliste traque l'homme qui a déjà causé la mort de sept personnes en les étranglant sous l'eau. Un ancien Marines refugié au coeur de l'Amazonie. Surmontant son traumatisme, Kate est prête à mettre la main sur le criminel quand elle surprend une étrange créature qui évolue dans les profondeurs d'un lac à la sinistre réputation.
Dan Watters et Ram V actualisent L'Étrange Créature du lac noir (Creature from the Black Lagoon, 1954), réalisé par Jack Arnold. La jeune femme dont s'entiche le monstre n'est plus seulement une bimbo hurlante, c'est une survivante d'une agression et au-delà, sans que les scénaristes appuient trop leur propos, c'est une victime de l'oppression masculine. Et face aux exactions des narcotrafiquant qui arpentent la jungle, face à la folie destructrice des hommes, la créature semble finalement la moins monstrueuse de tous. Elle n'utilise ses griffes et ses crocs que pour se défendre. La violence la dégoûte, comme l'illustre un beau final au goût amer. Cette fable (lire un extrait) est mise en images avec efficacité par Matthew Roberts, dont l'approche cinématographique rend également hommage au film original.
Grant Morrison, Jeff Lemire, Doug Mahnke et Alberto Ponticelli : Creatures Commandos présente Frankenstein tome 1 (Urban Comics)
Hors de cette belle collection Universal Monsters, Frankenstein (qui fait partie des joyaux d'Universal ictures) est devenu un anti-héros de l'univers DC Comics. La créature est utilisée par une organisation gouvernementale pour lutter contre des phénomènes surnaturels. Cet album réunit deux sagas de quatre et sept épisodes publiés en 2005-2006 pour la première et 2011-2012 pour la seconde. Frankenstein y apparaît comme un implacable guerrier dont décèle parfois une étincelle d'humanité sous des kilos de muscles. Un samouraï solitaire et désabusé, qui est contraint de travailler en équipe. Mi-Hellboy, mi-Hulk.
Les scénaristes Grant Morrison et Jeff Lemire s'en donnent à coeur joie, assignant "Frankie" à des missions désespérées au coeur de mondes apocalyptiques dans une ambiance punk et trash. Combats saignants et humour mordant. Le dessin de Doug Mahnke séduit par sa clarté et son sens du détail (la preuve en images). Celui d'Alberto Ponticelli, au trait plus épais, s'avère également plus foisonnant. Un premier tome qui claque.
Anderton
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