vendredi 29 janvier 2010

JD Salinger et le cinéma : la rencontre (presque) manquée


Artistes : Ah, le mythe Salinger ! L’écrivain existait bel et bien : la preuve, il est mort… reclus dans sa maison du New Hampshire, à l’âge de 91 ans. Les canards de Central Park sont désormais orphelins.
Salinger et le cinéma, c’est une rencontre qui n’a pas eu lieu. Et c’est tant mieux : les plus beaux films sont parfois ceux qui restent à l’état de rêves. Pourtant, de même que l’errance mélancolique du protagoniste de L’Attrape-cœurs Holden Caufield a engendré plus d’une chanson, elle a également irrigué le cinéma.
J’en vois 3 traces :

- tout d’abord, chez Wes Anderson. Impossible de ne pas songer à l’univers de l’écrivain quand on regarde la douce mélancolie dépressive dans laquelle baignent les membres de La famille Tenenbaum, ou bien les doux hurluberlus qui entourent Zizou dans La vie aquatique. Il en est de même pour le 1er film de son auteur, un petit chef-d’œuvre, qu’on dirait calqué sur L’Attrape-coeurs : Rushmore, qui raconte le désarroi existentiel d’un lycéen gagné par une folie douce. Avec Jason Schwartzmann et Bill Murray, deux figures salingeriennes, à deux stades de la vie. Il me semble d’ailleurs avoir lu de Wes Anderson lui-même que le prologue du Darjeeling Limited, Hotel Chevalier (Nathalie Portman et Jason Schwartzmann) était une adaptation déguisée d’une nouvelle de Salinger. Quelqu’un confirme ?

- Ensuite, chez Gus Van Sant, en particulier dans son film le plus décrié. D’apparence anodine, A la recherche de Forrester cumule les signes salingeriens : la figure de l’écrivain retiré, l’adolescent en crise existentielle et en quête de devenir. Peut-être un peu trop glamour, mais certainement écrit sous inspiration de Salinger.

- Enfin – c’est là ma mémoire qui parle – il existe des références directes à Salinger dans le très beau mais très méconnu film de Fred Schepisi, Six degrés de séparation. Petite merveille d'intelligence, ce film est truffé d’allusions à L’Attrape-cœurs : outre la thèse qu’est censée écrire le jeune protagoniste sur ce livre culte (Will Smith, dans son tout 1er rôle), on y trouve l’évocation des canards de Central Park ou bien des traits de caractères communs à Holden Caufield et le personnage joué par Will Smith.

Non, décidément, espérons qu’Hollywood ne s’empare pas de son œuvre directement, et la laisse là où elle a toute sa place : dans nos cœurs de lecteurs.
Travis Bickle

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