mardi 11 janvier 2011

Peter Yates, éloge d’un petit maître


Artistes : Pour compléter le beau portrait qu’en a fait Anderton (lire Peter Yates, de Bullitt à Krull), quelques mots supplémentaires sur Peter Yates. On ne le savait pas assez, mais l’auteur de Bullitt qui vient de décéder à l’âge de 82 ans, était un cinéaste britannique. Bon, OK, vu sa filmo – et sa discrétion ! – cela n’apparaît pas évident. Même s’il a été cité 4 fois à l’Oscar du meilleur réalisateur.

Rappel de quelques-uns de ses faits d’armes, notamment de 8 petits chefs-d’œuvre qui restent dans les mémoires de ceux qui les ont trop peu vus.

1- Bullitt (1968). A revoir absolument pour admirer comment on pouvait réaliser un film d’action d’une beauté racée doublé d’un vrai cache-cache psychologique sans avoir recours au montage minute et aux effets spéciaux. Bref, le mariage d’Antonioni et du film d’action. Et puis San Francisco, et puis Steve McQueen, et puis la musique de Lalo Schiffrin…

2- La Guerre de Murphy (1970). Face à face Peter O’Toole-Philippe Noiret dans un recoin du Vénézuela, à la fin de la Seconde guerre mondiale. Un classique du cinéma du dimanche soir de l’ORTF, qu’on aimerait revoir pour sa faconde, son humanité et son originalité.

3- Les Copains d’Eddy Coyle (1973). Tiré d’un polar de George Higgins, un bijou noir et violent sur l’amitié, les trahisons et le temps qui passe. Avec un formidable Robert Mitchum, désabusé et au bout du rouleau. Un petit chef-d’œuvre noir des 70’s, avec Les flics ne dorment pas la nuit.

4- La Bande des Quatre (1978). Chronique désabusée de la jeunesse des 70’s, avec Dennis Quaid, Daniel Stren, Jackie Earl Healy et Dennis Christopher, sur un scénario de Steven Tesich, futur auteur du grand et méconnu Georgia d’Arthur Penn.


5- L’Oeil du Témoin (1981). La découverte de William Hurt face à Sigourney Weaver en journaliste TV dans un thriller sur fond de trafic de papiers de juifs soviétiques, dans le New York inquiétant des 80’s. Toujours sur un scénario de Steven Tesich, un grand thriller méconnu, qui rassemble également James Woods, Morgan Freeman et Christopher Plummer.

6- L’Habilleur (1983). Son chef-d’œuvre ? Dans une loge de théâtre, le face à face monstrueux entre un monstre sacré et son habilleur. D’après la pièce de Ronald Harwood (Le Pianiste de Polanski), avec les hénaurmes Albert Finney et Tom Courtenay au sommet de leur art, dans une sorte de remake de Qui a peur de Virginia Woolf ? dans le milieu théâtral.

7- Eleni (1985). Le destin d’une femme fusillée par les partisans communistes grecs après la Seconde guerre mondiale, vu par son fils incarné par John Malkovich. Sujet rare et passionnant pour film épique et intimiste à la fois, dans la lignée de La Blessure.

8- Suspect Dangereux (1987). Polar judiciaire sur la misère à Washington, avec Cher et Dennis Quaid pris dans un complot politico-judiciaire pour sauver la peau d’un vétéran du Vietnam devenu SDF, incarné par Liam Neeson dans un de ses tout premiers rôles. Suspense paranoïaque à la Sydney Pollack.

Bref, une solide carrière un peu trop occultée par l’immense succès de Bullitt et son savoir-faire. A l’instar de Tavernier et Coursodon, je souscrirais entièrement à leur commentaire in 50 ans de cinéma américain : "Il a du métier, de l'adresse, parfois même du brio. Son éclectisme, son goût pour les sujets porteurs n'excluent pas l'exigence".

Travis Bickle




















1 commentaire:

David Tredler a dit…

Du peu que j'ai vu, mon préféré de yates est sans conteste "La Bande des Quatre", petit bijou méconnu s'il en est !