lundi 24 janvier 2011

Le Canardeur : que deviens-tu, Michael ?


En salles : La sortie d’Au-delà a complètement occulté la réédition en salles d'un des très grands Clint Eastwood, Le Canardeur (1973), mis en scène – excusez du peu – par Michael Cimino – dont c’était la première réalisation – et co-interprété par l’autre grand Américain du moment, Jeff Bridges. Ah, je rêve de voir se reformer une telle affiche aujourd’hui… Pas vous ?


Don Quichotte et Sancho Pança en Americana


Bon, avant de rêver, courrez voir ce…ce quoi, au fait ? Buddy movie, road movie, polar…Un peu tout cela à la fois. En tout cas, inutile de finasser : dès les premiers plans – Eastwood déguisé en pasteur, poursuivi par un homme armé, se réfugie dans une église au beau milieu d’une prairie – éclate aux yeux la passion du réalisateur d’Heaven’s Gate pour l’Amérique : ses paysages fordiens, ses héros virils et désabusés en quête d’absolu, son style élégiaque et nostalgique d’une certaine Americana.

 

Et puis, surtout, il permet à ce faux dur d’Eastwood – alors en pleine époque Inspecteur Harry – de s’attendrir face à Jeff Bridges en jeune chien fou, comme une sorte d’ultime miroir de sa jeunesse perdue. A la recherche d’un magot caché dans une école qui n’existe plus, leurs aventures picaresques prennent les allures de quête absurde, à l’image de celle de Don Quichotte et Sancho Pança aux US. Car outre ses allures de faux road movie, Le Canardeur est un vrai buddy movie – cf son titre original Thunderbolt & Lightfoot – qui exalte l’amitié et l’individualisme entre les outlaws – non sans y ajouter une pincée d’homosexualité goguenarde, à l’instar du travestissement féminin auquel s’adonne le personnage de Jeff Bridges !


Magnifique coup d’essai élégiaque et nostalgique


Bref, un magnifique coup d’essai, à mi-chemin des westerns classiques de John Ford et des œuvres crépusculaires de Sam Peckinpah, qui sans l’ampleur et la démesure de ses ouvres futures – Voyage au bout de l’enfer, Heaven’s Gate, L’année du Dragon – témoigne du talent d’un cinéaste qui n’a malheureusement plus donné aucun signe de vie cinématographique depuis 15 ans.


Jeff, Clint, Michael, si vous nous lisez, on vous attend !


Travis Bickle

2 commentaires:

bamebame a dit…

j'ai découvert ce film en vidéo ce mois ci. et je peux que le conseiller au cinéma. certains plans sont en effet magnifique mais c'est surtout ce duo eastwood/bridges très touchant qui restera gravé dans ma mémoire. et quelle fin !

TravisBricle a dit…

Si tu as l'occasion de le revoir en salles, cours-y ! Effectivement, très belle fin... Si Cimino aura du mal à revenir, en revanche, un duo Eastwood-Bridges au ciné, quel pied ce serait ! Non ?