En DVD : Avec Gomorra (découvrez notre dossier), Roberto Saviano a révélé au monde entier l'étendue du pouvoir de la camorra, la mafia napolitaine. Il vit depuis sous protection policière. Giancarlo Siani n'a pas eu cette chance. Pour avoir enquêter sur les agissements des boss de Torre Annunziata, près de Naples, le journaliste l'a payé le prix fort. Il a été abattu en 1985. Il avait 26 ans.
C'est l'histoire de ce jeune journaliste que raconte Fortapasc, un film de Marco Risi (le fils de Dino Risi) sorti en vidéo chez France Televisions Distribution. Fortapasc, à prononcer : Fort Apache - le surnom de Torre Annunziata, "assiégée" par les camorristes avec la complaisance d'un maire corrompu. Juges et carabinieri sont impuissants face au pouvoir des mafieux. Ils en sont réduits à balancer des infos aux journalistes. Siani n'a rien d'un idéaliste, ni d'un candidat au suicide. Il fait son boulot avec honnêteté. Spécialiste des faits-divers, "éventuellement liés à la camorra" comme le lui fait remarquer son rédacteur-en-chef, Siani est amené à s'intéresser à un poissonnier qui parade en ville comme un chef d'Etat. Et voilà qu'il met la plume dans l'engrenage, braquant les projecteurs sur les petits arrangements locaux, sur fonds de réglements de comptes entre gangs rivaux.
Marco Risi a volontairement évité les grandes démonstrations pour s'intéresser au destin d'un homme. Et Libero de Rienzo livre une interprétation marquante, toute en nuances, pour révéler les doutes, les hésitations mais aussi la grande force de caractère du héros. Car Siani, sans avoir cherché à faire un coup d'éclat, est bel et bien un héros. Un héros qui se débattait avec le quotidien et qui a finalement sacrifié sa jeune vie sur l'autel de la vérité. Fortapasc est un beau film, plein d'humanité.
Anderton
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