En salles (le 8 septembre) : Le trafic aérien n'a pas complètement repris et voici un film qui va vous clouer au sol. Ou plus exactement à votre fauteuil. Car, avec Boîte noire, Yann Gozlan nous entraîne dans un thriller paranoïaque et haletant, porté par un Pierre Niney envoûtant.
Le vol Dubaï-Paris d'European Airlines n'a jamais atteint sa destination. Quelque part au-dessus des Alpes, l'appareil a piqué du nez et s'est écrasé. 300 victimes. Mathieu Vasseur, enquêteur pointilleux au BEA, se retrouve en charge du dossier. Avec beaucoup d'application, il analyse le contenu audio de la boîte noire et livre ses conclusions. Pourtant, un doute l'assaille et le voici qui reprend ses investigations, à l'encontre même de la thèse officielle qu'il a contribuée à établir.
Boîte noire débute par un long plan séquence à l'intérieur de l'avion d'European Airlines. Au-delà de la prouesse technique (réalisée au sein d'un lieu confiné, certes avec l'aide de FX), ce lent mouvement de caméra nous plonge au coeur des dernières minutes du vol et nous donne à voir des informations capitales avant de nous amener à la fameuse boîte noire qui sera au centre de l'enquête. Yann Gozlan fait ainsi oeuvre pédagogique (qu'est-ce qu'une boîte noire ? Qu'enregistre-t-elle ?) tout en développant son récit et en instaurant une tension qui ira crescendo. En prime, il impose un style de mise en scène qui nous confirme toute l'ambition esthétique du film. Le spectateur est captivé.
Le cinéaste met en place une ambiance où le mystère le dispute à la paranoïa, comme à la grande époque des thrillers américains des années 1970 (Les Trois jours du Condor, Blow Out). Et il nous offre un final hitchcockien qui nous fait enfoncer les doigts jusqu'aux phalanges dans les accoudoirs des fauteuil de cinéma. Du très grand art, servi par la photo de Pierre Cottereau qui donne de la densité aux ténèbres et rend inquiétants les décors et sites de la région parisienne : hangars du Bourget, bureaux du BEA (j'ai reconnu l'ancien siège de BP France à Cergy !), pavillons isolés dans la campagne des Yvelines... Comme pour Le Chant du loup, le travail sur le son est particulièrement soigné.
La disparition de Pierre Niney
Mathieu Vasseur est un type un peu étrange, presque irritant : pointilleux, tranchant même, il souffre d'une hyper-sensibilité auditive qui en fait un enquêteur hors pair en même temps qu'un homme asocial. Sûr de lui, il a du mal à prendre du recul sur son travail. Au point qu'on en vient à se demander s'il ne va pas trop loin dans ses théories quasi-complotistes. Une fois de plus, Pierre Niney fascine par sa capacité à disparaître dans son personnage, aussi bien physiquement que psychologiquement. Il campe un nerd à la fois touchant et inquiétant. Son jeu naturaliste, sans effet ni tic de comédien, rend son rôle complètement crédible, de mêmes que les situations qu'il traverse. Niney se met au service de l'histoire. Il prend le spectateur par le bras et l'amène à ressentir les émois et les doutes de Mathieu. Quel comédien !
A ses côtés, Lou de Laâge incarne la petite amie de Mathieu. Elle s'affirme à l'écran par son assurance et une espèce de force tranquille. André Dussolier est fidèle à lui-même : grand ! Il joue le patron du BEA. Sans en faire des tonnes, il laisse en permanence planer un doute sur les motivations de son personnage. Autres bons rôles secondaires : le "bon ami" de Mathieu et son supérieur direct, joués de manière convaincante respectivement par Sébastien Pouderoux et Olivier Rabourdin.
Tout sonne juste dans Boîte noire. A ne manquer sous aucun prétexte.
Anderton
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