En salles : Après Thor Ragnarok (2017), Taika Waititi a de nouveau pris en mains la destinée du rejeton d'Asgard, toujours interprété par Chris Hemsworth. Thor Love and Thunder pousse le curseur -et le bouchon- plus loin en matière de fun, au point parfois de gâcher les enjeux dramatiques du récit. Retour sur un film complètement marteau pour lequel le cinéaste se met au diapason du vilain.
Après avoir contribué à débarrasser l'univers de la menace Thanos, Thor a trouvé la paix sous un arbre où il médite pépouze. Mais voilà que ses potes les Gardiens de la galaxie le sollicitent pour mettre en déroute une horde d'aliens pas très chouettes, enfin si, vous verrez. Le fils d'Odin reprend goût à l'action. Cela tombe bien, un malfaisant nommé Gorr s'est mis en tête d'éradiquer tous les dieux. Sur Terre, les survivants d'Asgard sont menacés.
De la même manière que Gorr veut trucider la moindre divinité, Taika Waititi a décidé de s'en prendre aux mythes. Tout au long du film, il assène des coups de marteau sur le piédestal des héros. Le premier d'entre eux, Thor, perd un peu plus de sa superbe. Il est davantage trublion que guerrier. Quant à Zeus, le dieu suprême incarné par Russell Crowe, il est réduit au rang de bouffon.
Dans Thor Ragnarok, l'humour de Waititi s'était parfaitement inséré dans le récit tout en laissant la part belle aux séquences épiques. Cette fois-ci, il a tendance à les étouffer. Presque tout prête à malice ou ricanement. Dès lors comment prendre Thor au sérieux ? Comment s'inquiéter pour le sort des enfants d'Asgard, kidnappés par le terrible Gorr, alors que même leur sauveur multiplie les blagues ? Oui, on rit et il y a des moments très drôles. J'ai beaucoup aimé la manière dont est traitée la relation entre Thor, son ex-marteau et sa hache, même si là encore, force est de constater que Labiche a remplacé Shakespeare dans la saga asgardienne.
Entre le marteau et l'enfume
Les séquences d'action font le job mais elles ne font plus autant vibrer que dans le précédent opus. Il y a malgré tout une séquence originale en noir et blanc. Lors d'une conférence de presse online, le réalisateur a évoqué un hommage au Jules et Jim de François Truffaut ; j'ai davantage pensé à Méliès. Cette approche moqueuse permanente est d'autant plus dommage que le film s'ouvre et se conclut sur deux séquences poignantes, en rupture totale avec le reste du récit. C'est comme si Waititi n'assumait pas de nous émouvoir. A ce propos, certains se sont étonnés de la présence de Christian Bale au générique, sur le thème : "Que vient-il faire dans ce drakkar ?". Justement, il apporte son incroyable présence et sa capacité à donner à son personnage une épaisseur psychologique et un vécu qui contribuent à motiver ses actes. A l'inverse, Russell Crowe cabotine à l'extrême alors qu'en une réplique finale, il exprime toute la puissance que Zeus aurait pu dégager si Waititi n'avait pas choisi de le tourner en dérision.
Chris Hemsworth joue la comédie et le fait plutôt bien ; il retrouve par instants la stature d'un dieu implacable et menaçant. On aurait voulu le voir davantage dans ce registre. Natalie Portman est étonnante, oscillant entre fragilité contenue et badasserie pure. Tessa Thompson est un peu sous-employée en Valkyrie devenue cheffe d'Etat. Je passe sous silence les caméos, jusqu'aux désormais traditionnelles scènes post-générique.
Même si Taika Waititi ne parvient pas à faire jaillir la foudre avec la même réussite que pour Thor Ragnarok, il signe avec Thor Love and Thunder un film fun, foutraque et moqueur à l'excès. Cela ne révolutionne pas le MCU mais ça fait passer un bon moment.
Anderton
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire