lundi 27 février 2023

The Fabelmans : Spielberg réenchante sa légende

The Fabelmans Steven Spielberg CINEBLOGYWOOD

En salle : Si, comme tout artiste, Steven Spielberg a mis beaucoup de sa vie dans ses films, avec The Fabelmans, il a réalisé une oeuvre quasi-autobiographique sur sa famille et la naissance de sa passion pour le cinéma. Un témoignage bouleversant.


Première séance de cinéma pour le jeune Sam Fabelman. Ses parents ont beau le rassurer, il n'en mène pas large. Mais dans cette immense salle obscure, il assiste à un spectacle magique, qui le marque à jamais. Dès lors, il n'aura de cesse de reproduire avec son train électrique et la caméra super-8 familiale l'accident impressionnant dans Sous le plus grand chapiteau du monde (The Greatest Show on Earth - Cecil B. DeMille, 1952). Plus grand, Sammy met à contribution ses soeurs puis ses copains pour réaliser des petits films qui deviennent plus élaborés et dans lesquels il fait montre de son inventivité et de son sens de la mise en scène. Sa mère, artiste contrariée, adore ; son père aussi, même s'il souhaiterait que son fils s'oriente vers des études d'ingénieur. C'est en filmant sa famille lors d'un week-end en camping que Sam va découvrir un terrible secret.

Je fais partie des admirateurs de Steven Spielberg. Je trouve toujours matière à m'émerveiller et m'émouvoir dans ses films, y compris ceux que je trouve moins réussis (Hook, Twilight Zone). Dans The Fabelmans, le cinéaste parvient une fois de plus à nous tenir en haleine grâce à sa vision unique, qui fait basculer un quotidien palpable dans une atmosphère magique tout en maintenant le récit complètement crédible. Tel un funambule, il avance sur le fil(m) des sentiments, entre drame et comédie, portant un regard bienveillant sur ses personnages.

Car sa maestria technique, qui permet de rendre simple la lecture de mouvements de caméra complexes, Spielberg la met toujours au service du récit, de l'action et de l'émotion. Formidable directeur d'acteurs, il s'est entouré une fois de plus d'un casting dont les interprétations frappent par leur justesse et leurs nuances : Michelle Williams en mère exubérante, tiraillée entre ses désirs et l'amour pour les siens ; Paul Dano en père brillant mais éclipsé par la personnalité de sa femme, qui peine à ouvrir son coeur et cache sa détresse. Et puis, il y a les enfants. Tout en joies et en cris, en grands yeux curieux et sourires avec quelques dents de lait en moins. Dans le rôle de Sam ado, Gabriel LaBelle est éclatant : il nous fait rire et nous touche par la fragilité qu'il dégage. Formidable également, la jeune Julia Butters (avec ses faux airs de Winona Ryder) dans le rôle d'une des soeurs de Sam. Bonnes prestations enfin de Seth Rogen, Judd Hirsch et... David Lynch. 

Film the legend

Il n'est pas nécessaire de connaître la vie de Spielberg pour apprécier The Fabelmans, mais ceux pour lesquels l'enfance du cinéaste n'a (presque) pas de secrets adoreront cette chronique familiale romancée. "When the legend becomes fact, print the legend", serait-on tenté de dire en reprenant cette réplique fameuse de L'Homme qui tua Liberty Valance (The Man Who Shot Liberty Valance, 1962) - la référence à John Ford n'est évidemment pas anodine. 

Spielberg s'amuse à revisiter sa vie et ses films. Sans jamais forcer le propos, certains plans, certaines séquences, certaines situations nous replongent dans le cinéma de Spielberg et c'est ce qui fait la magie de The Fabelmans. C'est ce qui le rend si précieux pour les fans du wunderkind. C'est émouvant de voir un cinéaste de 76 ans tourner à nouveau les premiers films qu'il a réalisés, adolescent. Plus qu'une mise en abyme, il y a une sorte de boucle, qui évoque celle de la pellicule qui circule d'une bobine à l'autre, sur la visionneuse de Sam. Parenthèse : il y a d'ailleurs une scène géniale où Sam découvre un lourd secret grâce à un film qu'il a réalisé. Il passe et repasse, d'avant en arrière, les images sur sa visionneuse tandis que la caméra de Spielberg tourne autour de lui. On pense à John Travolta écoutant ses bandes sonores dans Blow Out (Brian De Palma, 1981).

The Fabelmans est un (ré)enchantement.

Steven avant Spielberg CINEBLOGYWOOD

Spielberg : enfance et influences

Avec Steven avant Spielberg (Michel Lafon), Gilles Penso consacre au cinéaste une "biographie romanesque" qui revient sur les événements marquants d'un garçon passionné de cinéma, pétri d'angoisses et bouleversé par le divorce de ses parents. Même ceux qui, comme votre serviteur, ont lu et relu les anecdotes sur l'enfance de Steven apprécieront cet ouvrage. D'autant que l'auteur met également en parallèle la vie et l'oeuvre de Spielberg, tout en pointant les nombreuses références qui jalonnent cette dernière.

Anderton 


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