mardi 14 février 2023

The Woman King : Viola Davis mène la charge

The Woman King CINEBLOGYWOOD

En Blu-ray, DVD et VoD : Dans le sillage de Black Panther, The Woman King met en scène des guerrières, bien réelles celles-ci, qui ont défendu le royaume du Dahomey, en Afrique. S'il prend quelques libertés avec l'Histoire, le film de Gina Prince-Bythewood parvient à associer action et émotions, notamment grâce à ses interprètes, au premier rang desquelles Viola Davis.


Au début de XIXe siècle, la générale Nanisca, qui commande les Agojie, une armée d'élite 100 % féminine, défend le royaume du Dahomey contre les raids des Oyo qui capturent hommes, femmes et enfants pour les revendre comme esclaves aux Européens. La guerre est déclarée. Il faut former de nouvelles guerrières. Parmi les nouvelles recrues, la jeune Nawi se fait remarquer par son caractère, sa détermination et une cicatrice sur l'épaule.

Le scénario est à bien des égards classiques puisqu'il raconte la formation d'un jeune guerrier qui révèle son savoir-faire dans l'art du combat, sous le regard sévère mais juste d'un mentor. L'originalité du film tient évidemment au fait que ledit soldat est une femme, comme ses congénères, et que le récit se déroule en Afrique. Si certaines séquences sont attendues (les séances d'entraînement strictes, la compétition, l'amitié et la solidarité entre les recrues, les relations conflictuelles entre Nawi et Nanisca...), elles sont réalisées avec sincérité et efficacité. Les scènes de combat sont spectaculaires. La réalisatrice fait le job même si, paradoxalement, sa mise en scène manque parfois de souffle.

Actrices inspirées

Gina Prince-Bythewood réussit toutefois à ne pas oublier ses personnages dans le tumulte des combats. Il faut dire qu'elle bénéficie d'un formidable casting. Dans le rôle de la générale Nanisca, Viola Davis s'avère à l'aise avec un sabre à la main, révélant son aisance dans les scènes physiques. On connaît son talent pour faire ressortir de chacun de ses rôles toutes les nuances qui en font des êtres de chair multidimensionnels. C'est à nouveau le cas. D'un regard, elle fait jaillir les émotions que tente de contenir cette guerrière implacable. Elle est poignante. Et elle trouve en Thuso Mbedu une formidable partenaire. La jeune comédienne sud-africaine m'a scotché : elle incarne une jeune fille d'abord fragile, un peu perdue, qui gagne en confiance et dont la détermination en fait une combattante hors pair. Les interprétations de Davis et Mbedu contribuent à la réussite du film, qui gagne en profondeur. On retrouve par ailleurs avec plaisir Lashana Lynch, déjà badass dans Mourir peut attendre, et John Boyega, parfait en roi plein de morgue mais à l'écoute de sa générale en chef. Autre découverte pour ma part : Sheila Atim, qui campe une Agojie sans pitié qui est également un puits de sagesse.

The Woman King séduit aussi car il nous plonge dans une société méconnue, en tout cas rarement vue au cinéma. L'oppression et l'exploitation des femmes ainsi que la traite des Africains sont abordées avec justesse, sans manichéisme. On perçoit toute l'horreur d'un système qui permet aux hommes blancs et noirs d'asservir et de violenter. Les Agojie ne sont pas simplement des soldats atypiques, elles portent en elles une rage mais aussi la volonté de refonder la société sur des bases saines, justes, humaines. Le film nous laisse imaginer ce qu'aurait pu être l'Afrique libérée de tous les jougs pesant sur elle. L'Histoire laisse alors presque place à l'uchronie. Le Dahomey devient Wakanda.

Anderton


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