dimanche 2 novembre 2008

John Huston : des beautiful losers à la conquête de l'impossible

En DVD : 1979 : John Huston présente au Festival de Cannes Le Malin ; face à lui, Apocalypse Now, Les Moissons du Ciel, Hair, Manhattan.
1984 : rebelotte, le vieux lion présente Au-dessous du Volcan. Face à lui, Paris Texas, Il était une fois en Amérique, Broadway Danny Rose. A chaque fois, il repart bredouille, tels ses héros magnifiques, ses beautiful losers à la conquête de l'impossible et du dépassement de soi, qu'il filma avec tant de hargne et de brio dans Asphalt Jungle ou bien L'homme qui voulut être roi.
Huston fait Le Malin, Tarantino son malin...
Carlotta nous donne l'occasion de revoir dans de superbes éditions ces deux opus mal-aimés et incompris à leur sortie. Les 70 ans bien sonnés, le cinéaste nous livrait alors deux leçons de cinéma qu'un Tarantino ferait bien de méditer.
Surtout au moment où QT tient des propos peu amènes sur son aîné dans un entretien donné à Bertrand Tavernier à paraître dans la prochaine édition d'Amis américains (Actes Sud/Institut Lumière) : "OK, sa vie fut géniale, reconnaît-il. Mais il aurait pu être plus artiste. Les parties de poker, où il mettait en jeu ses propriétés en Irlande, ça l'intéressait plus que d'être un cinéaste. C'était un macho plus intéressé à tuer les éléphants ou à gagner aux cartes qu'à faire de l'art". Quentin, tu sais de qui tu parles, vraiment ? C'est quoi, tes équivalents de Gens de Dublin ou des Désaxés ?!
Deux adaptations de classiques de la littérature anglo-saxonne – signé Flannery O'Connor et Malcolm Lowry - réputés inadaptables ; deux mises en scène nerveuses, rythmées et inventives – rien à voir avec le clinquant et tape-à-l'oeil de Tarantino ; deux monuments d'interprétation qui rendent hommage au génie créatif de Brad Dourif d'un côté – vu dans Vol au-dessus d'un nid de coucou ou Heaven's Gate – et du Britannique Albert Finney – vu dans Voyage à 2, Big Fish et plus récemment, dans 7h58 ce samedi-là – deux modèles d'intelligence scénaristique face aux matériaux littéraires initiaux .
Superbes fleurons
Enfin, c'est surtout l'occasion de découvrir deux des plus beaux fleurons de l'oeuvre d'un cinéaste alors à l'automne de sa vie, mais qui n'hésite pas à se lancer dans des défis de jeune homme : adapter l'inadaptable, tout en restant fidèle à ses obsessions ; proposer un regard décapant sur deux régions ô combien cinégéniques – le Sud profond des Etats-Unis, le Mexique le jour de la fête des Morts ; enfin, faire mentir l'adage selon lequel la vieillesse est un naufrage en proposant deux films sardoniques, percutants et émouvants, qui dépassent de loin les tarantineries désormais en vogue.
Outre la qualité des masters qui rendent leur plénitude au travail sur la lumière effectué par les chefs op' choisis par le réalisateur (Gerry Fisher et Gabriel Figueroa), cette édition bénéficie de la Carlotta's touch : interview audio du cinéaste lors du Festival de Cannes 1984 – jouissif d'entendre Michel Ciment se faire rabrouer par Huston ! - un doc sur le tournage d'Under the volcano qui témoigne de l'ambiance exceptionnelle du tournage, ainsi que des analyses lumineuses sur quelques thématiques hustoniennes.
Message à Carlotta : à quand une éditon de même acabit de FatCity ?
Travis Bickle

2 commentaires:

Unknown a dit…

On passera sur Tarantino qui dérive aussi sûrement qu'un Soderbergh.

Carlotta a parfaitement compris comment lutter contre la baisse des ventes de DVD et contre la piraterie (qui reste, je tiens à le dire, tout à fait justifiée pour certains films introuvables en galette; à moins de le dénicher dans une arrière cour d'un DVDclub passionné - ça existe encore ça ? -) = la réédition de qualité, aux bonus et inédits tentaculaires.

C'est tellement agréable de garnir sa bibliothèque de telles pochettes DVD, entre la somptueuse boite "Band of Brothers" et la pochette cartonnée et stylisée de "Into the Wild".

Anonyme a dit…

Excellente initiative que de mentionner cette sortie DVD ! Car il faut, oui il faut avoir vu ces merveilles que l'on a rarement mises en avant. Albert Finney est un génie ( Je ne me lasserai jamais de Voyage à deux et Tom Jones ), quant à Brad Dourif, le ciné us devrait se souvenir de lui avec un respect eternel.

J'en profite pour rappeller que Carlotta sort parmis ses premiers dvd Blue-Ray, LE Casanova de Fellini. Un film pour lequel Donald Sutherland devrait être canonisé...