lundi 24 novembre 2008

11 Demy : royal au bar !

En DVD : A Cineblogywood, on aime tous les cinémas, sauf Rohmer – quoique... En tout cas, on adore Jacques Demy.
La preuve avec ce coffret de 11 DVD, édité par Arte Vidéo, qui rassemble les 12 longs métrages du réalisateur disparu en 1990, plus quelques raretés (docus, téléfilms, etc).
Bien sûr, on y retrouve les trois sommets qui ont fait la réputation du cinéaste : la trilogie Deneuve, Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort et Peau d'Ane.
Bon, d'accord, vous connaissez par coeur les ritournelles de Michel Legrand, les couleurs flashy de Ghislain Cloquet et les décors en carton pâte de Bernard Evein. Parce que vous les avez vues 100 fois. Ou du moins, vous croyez les avoir vues. Simplement, regardez-les bien encore une fois : au-delà du chromo un peu kitsch, sourd une profonde mélancolie sur le thème "On passe toujours à côté les uns des autres, à côté de sa vie". Et c'est tout simplement sublime. Pour preuve : l'ultime scène des Parapluies.
Des pépites enfouies
Mais le plus important n'est pas là : grâce à ce coffret, c'est toute la richesse méconnue d'un cinéaste finalement pas si bien aimé que ça qui émerge. Des pépites ignorées, enfouies, inespérées. Qui témoignent de la vitalité d'un cinéaste trop rapidement cantonné comme le Stanley Donen français.
Dans l'ordre : Le Sabotier du Val de Loire, un documentaire à mi-chemin de Depardon et de Pialat ; Model Shop : un road movie tourné à Los Angeles, en pleine période hippie, d'un formalisme stupéfiant, à l'égal du travail d'Antonioni dans Zabriskie Point ; Lady Oscar : sans doute le clou de ce coffret : l'adaptation d'un manga, tourné à dans les lieux mêmes de l'action, c'est-à-dire le château de Versailles, 30 ans avant Sofia Coppola !

Et puis, il faut mentionner l'adaptation de la légende du joueur de flûte de Hamelin, avec Donovan dans le rôle titre ; la curiosité Parking, avec Francis Huster dans un rôle qui aurait été dévolu aujourd'hui à Grégory Lemarchal ; 3 places pour le 26 : sorte de biopic disco incestueux d'Yves Montand avec Yves Montand dans son propre rôle....
Une chambre en ville, enfin à acheter !
Enfin, le meilleur pour la fin : Une chambre en ville. Que ceux qui étaient déjà nés en octobre 1982 se souviennent ! Ce film a donné lieu à une bataille d'Hernani typique de notre beau pays ! Sorti le même jour que L'As des As, le film de Demy, malgré l'appui unanime de la critique, ne rameute pas les foules qui se précipitent en masse sur le navet de Gérard Oury, aujourd'hui heureusement bien oublié, sorti dans une combinaison alors record de salles. Une pétition de critiques circule, imputant l'injuste échec public du film à la concurrence du Belmondo... Reste aujourd'hui un mélo flamboyant, mâtiné d'un discours politique qui en fait peut-être le film le plus représentatif sur l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981.
En résumé : de la comédie musicale, de la comédie pure, du drame, du mélo, du conte, du film politique, du manga, du biopic, du documentaire, qui parcourt les 40 dernières décennies, de la France aux Etats-Unis, en passant par le Japon ou l'Allemagne : quel cinéaste français contemporain possède à son actif une telle richesse ? Un coffret indispensable pour tout amateur de cinéma digne de ce nom – pas moins !
Travis Bickle

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Travis, tu me donnes envie de revoir Une chambre en ville... Et pourtant, la première vision de ce film, ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, loin de là... La faute à l'absence de Michel Legrand ? Au manteau de fourrure de Dominique Sanda couvrant à peine sa nudité ? Bref, malgré ma déception quant aux déclarations dans Libé sur la négo. de la cession des droits de ce film, je le reverrai avec un regard nouveau...
Pour ce qui est du reste du coffret, je dis à qui veut l'entendre que mon anniversaire est le 13 décembre et que c'est THE cadeau nécessaire pour passer dans la quarantaine !!!

Je pourrai donner les DVD's des Parapluies, des Demoiselles de Peau d'ane à un certain Anderton qui n'est pas encore tombé dans ce cinéma en chanté !