En salles : "C’est une histoire d’amour qui est, selon moi, en même temps, une fable psychologique – un rêve noir qu’on peut faire après être tombé amoureux à l’âge de 15 ans." Avec Mean Dreams, c’est le passage de l’enfance à l’âge adulte que Nathan Morlando choisit de nous montrer dans une mise en scène parfaitement maîtrisée.
D’abord le cœur
Jonas (Josh Wiggins) et Casey (Sophie Nélisse) ont 15 ans. Ils vivent dans la région des grands lacs. Lui dans une famille de paysans retirés du monde par crainte. Il a renoncé à l’école pour aider son père aux travaux des champs. Elle, orpheline de mère, vit seule désormais avec un père abusif (le regretté Bill Paxton), policier corrompu. C’est la fin de l’été, ils se découvrent d’abord lentement dans l’immense espace qui les entoure. Puis la violence du père de Casey, dont est victime Jonas un soir lorsqu’il la raccompagne, le décide à tout faire pour la sauver. Car personne ne le croit : un policier ne peut pas être un monstre avec sa propre fille. Quelque chose de chevaleresque s’éveille alors chez ce jeune homme amoureux. Une révolte toute adolescente qui va se révéler vitale.
Ensuite la fuite
Commence alors pour Jonas, Casey et son chien Blaise, une course folle à travers la forêt de l’Ontario dont les reflets tantôt dorés, tantôt sombres renforcent la dimension dramatique. Lorsque le père de Casey réalise que sa fille et son petit ami ont disparu avec une partie du butin qu’il avait acquis illégalement dans un trafic de drogue, sa rage n’a plus de limite. Il prévient le shérif (Colm Feore), son complice, qui le rejoint dans cette double quête : récupérer à n’importe quel prix sa fille et son argent.
L’émotion toujours
La grande réussite de ce film, présenté à La Quinzaine des réalisateurs, au Festival de Cannes 2016, est de toujours nous tenir en haleine. D’alterner les scènes de douceur où l’on voit ces deux adolescents s’aimer avec pudeur et délicatesse, avec des scènes extrêmement violentes. Comme un grand carambolage entre un monde adulte sans pitié et dangereux et un monde adolescent plein de promesse. Un parfait équilibre entre l’évolution psychologique des personnages et la trame criminelle du film. Rien n’est jamais caricatural, exagéré, tout nous concerne : la soif de l’émancipation, la peur de trahir un père, les premiers émois amoureux et la mort.
La musique enfin distille subtilement ce qu’il faut pour nous faire successivement sursauter sur notre fauteuil puis entrer dans une contemplation méditative de cet été indien que l’on souhaiterait éternel. Un thriller intense sur fond d’amour naissant à voir absolument.
Annie Hall
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