mardi 4 avril 2017

La Consolation : un drame en sourdine

En salles : Cinq ans après le succès de Louise Wimmer, son premier film au contenu social, Cyril Mennegun choisit le silence et les Hauts de France pour narrer une histoire simple.



Un décor sobre

L’espace d’abord : des champs de blé verts balayés par le vent, une forêt de bouleaux printanière, une maison en briques rouges, un chemin de terre propret. En contrepoint, un appartement parisien meublé d’un piano et d’un lit, des pièces en enfilade, une cuisine lumineuse. Une salle de concert aussi.

Une intrigue minimaliste

Deux personnages qui ne se connaissent pas : Daniel (Alexandre Guansé, dont c’est le premier film) et Françoise (Corinne Masiero, qui fut Louise Zimmer avant). Le décès d’une femme, Madeleine, qui va les relier. Une volonté enfin pour le réalisateur : ne pas refaire Louise Zimmer.


Acte 1 : la rencontre muette

Un message laissé sur le répondeur de Françoise et de Madeleine : "J’ai besoin de savoir. J’ai besoin d’être sûr". Que veut le beau Daniel ? Sa mère biologique, Madeleine, vient de mourir. Or il la croyait morte depuis longtemps, comme le lui avait raconté sa mère adoptive. Il décide d’aller rencontrer Madeleine sur son lit de mort. Sa tristesse ou sa stupeur est alors tellement forte qu’il est incapable d’échanger avec Françoise, la compagne de sa mère. Il repart aussitôt. 

Acte 2 : retour à l’enfance

Daniel revient voir Françoise pour l’enterrement de Madeleine. Cette fois-ci pour se retrouver, comprendre d’où il vient. Daniel demande alors à Françoise : "Vous étiez quoi pour elle ?", sa réponse ; "Je l’ai aimée". Puis elle lui propose de se rendre dans la cabane au fond du jardin, seul souvenir de sa prime enfance à lui. Va-t-il vivre enfin ?

Un film en sourdine

C’est un appel à la méditation et à l’introspection qu’on nous propose donc avec la nature silencieuse et brute pour cadre. Tout y est lent, esthétisé, presque trop. Chaque plan est conçu comme un tableau du Caravage ou de l’école hollandaise. C’est magnifique, un peu convenu aussi.

A l’image de Daniel jouant du piano chez lui avec un casque pour ne pas déranger, le film reste en sourdine. Car finalement, c’est moi spectateur qui décide, invente, interprète et extrapole. C’est moi qui m’ennuie aussi en attendant, avec des dialogues quasi inexistants et dans une tension palpable (je veux savoir), un dénouement libérateur débordant d’amour, la consolation enfin. Un film intimiste sans intimité en somme. Il suffira de l’accepter pour l’apprécier.

Annie Hall

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