En salles : A Voix haute La force de la parole s'intéresse au concours Eloquentia qui élit chaque année "le meilleur orateur du 93" au sein de l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Durant six semaines, les participants sont préparés par des avocats, metteurs en scène, slameurs et professeurs de chant. Une ode à la langue française, à la jeunesse et à la persévérance. Jouissif.
Advenir au monde
D’abord on pense au documentaire de Claire Simon, Le Concours, sorti en février, qui déjà montrait une jeunesse avide de se faire entendre et de réussir. Sauf que là, ça ne se passe pas dans les beaux quartiers de Paris, mais en Seine-Saint-Denis. Ici, on découvre ce que la maîtrise de l’art oratoire peut produire de meilleur : faire exister, se dépasser et apprendre à s’exprimer pour convaincre. Pour finalement conquérir sa place dans la société française avec une arme pacifique : la parole.
Un projet en partage
Il s’agissait donc pour Stéphane de Freitas, le scénariste-coréalisateur (avec Ladjly) et fondateur de la coopérative Indigo, de garder une trace de cette aventure très humaine. Car "c’est en maîtrisant les mots et les nuances d’une langue qu’on peut toucher les autres et réussir à communiquer avec eux", analyse-t-il. La démonstration est faite dans ce documentaire que rien n’est impossible quand on a tous à y gagner. Les professionnels en transmettant leur savoir, les étudiants en saisissant cette chance qui leur est donnée.
Un double regard
La mise en scène alterne scènes de cours et portraits de candidats, créant ainsi un double regard : collectif et individuel. Quatre caméras permettent de multiplier les champs et contrechamps, de créer du rythme, de l’émotion et de faire monter la pression au fil des six semaines. On est captivé par Bertrand Périer (avocat à la Cour de Cassation), Alexandra Henry (metteuse en scène), Loubaki Loussalat (poète et slammeur) et Pierre Derycke (chanteur et professeur de chant), prodiguant conseils, techniques oratoires et exercices de respiration à leurs stagiaires. On est ému par Eddy, Leïla, Elhadj et Souleïla, leur histoire particulière, leurs rêves, désirs et motivations. Jusqu'à leur grand oral devant un jury qui réunit notamment Edouard Baer, Leïla Bekhti et Kery James.
Une banlieue joyeuse et inédite
Alors si comme moi vous croyez que la parole libère, que les clichés sur la banlieue et son nihilisme, ça suffit ; courez vite voir ces jeunes et leurs professeurs qui nous font croire à nouveau au "réussir ensemble". Un vent d’optimisme et de joie à prendre au sérieux parce qu’il est contagieux.
Annie Hall
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire