mercredi 30 janvier 2019

Road Games : un road movie à redécouvrir

En DVD et Blu-ray : Dans le cadre de son excellente collection Make My Day ! chez StudioCanal, Jean-Baptiste Thoret extrait du tréfonds de l'outback australien une pépite de série B appréciée de Quentin Tarantino, un road movie à suspense où pointe l'horreur. Sorti en France en 1981 sous le titre Déviation mortelle, le film réalisé par Richard Franklin retrouve pour l'occasion son titre d'origine : Road Games. Une histoire de camion rempli de carcasses, d'un tueur en série amateur de puzzle et d'une auto-stoppeuse pas farouche. Avec Stacy Keach et Jamie Lee Curtis dans les rôles principaux. Comment ne pas craquer ?



Patrick Quid est conducteur de poids lourd mais comme il le répète souvent, ce n'est pas parce qu'il conduit un camion qu'il est camionneur. Toujours est-il qu'il parcourt les vastes étendues australiennes avec pour seul compagnon un dingo, ce chien sauvage et muet typique de l'île-continent. Quid aussi est un peu sauvage de prime abord mais s'il fait souvent la conversation avec son clebs, il ne rechigne pas à prendre des passagers en auto-stop. Voilà qu'un matin, il repère une camionnette suspecte dans une ville où une partie d'un cadavre de jeune femme a été retrouvée dans une poubelle. Quid recroise le véhicule sur sa route. Il est persuadé que son conducteur est le tueur en série qui fait la Une des médias.


Richard Franklin nous fait monter à bord du truck de Quid et nous voilà happés par l'histoire mouvementée et les personnages 'hauts en couleurs", comme on dit. Stacey Keach suscite de suite notre sympathie : il campe un routier sympa (les plus vieux comprendront la référence), un peu farfelu (il parle tout seul, croque des légumes et lit de la poésie !) et obnubilé par cette affaire de meurtres en série. Il trouve dans ce film un de ses meilleurs rôles. A ses côtés, Jamie Lee Curtis, pas encore star mais déjà célèbre pour sa prestation dans Halloween. Pour autant, la Scream Queen ne pousse aucun cri ; en revanche, dans le rôle d'une auto-stoppeuse qui n'a pas peur de monter avec le premier venu, elle apporte une décontraction et une fraîcheur qui font l'effet d'un grand coup de soleil dans la cabine du camion. Sur sa route, le duo croise une belle brochettes de personnages un peu barrés, des Aussies restés un peu trop longtemps dans le désert et sous le soleil.

Un cinéaste qui carbure

Franklin saisit parfaitement la psychologie des personnages, bien définis, ainsi que les atmosphères des stations services paumées. Sur le score entraînant de Brian May (pas le guitariste de Queen, mais le compositeur de la BOF de Mad Max), il filme avec entrain le camion qui avale les kilomètres. Une mise en scène inspirée avec quelques plans séquences très réussis et des cascades bien foutues itou. Collègue de John Carpenter à USC, Franklin sait distiller le suspense. L'influence d'Hitchcock surtout, et de De Palma, se font sentir tout au long du film.

Je me demande encore comment j'ai pu passer à côté de cette bonne série B alors que je squattais les rayons de mon vidéo-club pendant les années 80. Un mal pour un bien car cette édition est gratinée, comme à chaque fois dans la collection Make My Day! En bonus, il y a bien sûr la présentation fournie de Thoret ainsi qu'une interview de Fausto Fasulo, le rédac-chef de Mad Movies, qui aborde longuement le film, la carrière de Franklin et l'essor de l'Ozploitation, les films de genre made in Australia. Une série d'entretiens avec le cinéaste, Keach, Curtis, le scénariste Everett De Roche et d'autres membres de l'équipe permettent d'en savoir plus sur la production menée tambour battant et camion roulant ou la campagne de dénigrement qui a accompagné la venue de Jamie Lee, accusée par les médias australiens d'avoir volé le rôle à une actrice locale. Et on comprend pourquoi ce road movie rythmé est passé inaperçu : il s'est fait dépasser par Mad Max 2, sorti la même année. Les deux films entretiennent bien des points communs... Autant de raisons de mettre le Blu-ray dans votre lecteur et de passer la quatrième vitesse.

Anderton

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