lundi 30 septembre 2019

90's : skate like teen spirit

En DVD : Pour son premier passage derrière la caméra, Jonah Hill nous surprend avec un film qui réussit à glisser avec style sur les rampes de la nostalgie et de l'émotion. Désormais disponible en vidéo, 90's (Mid90's en V.O.) brosse le portrait d'un ado dont la vie change grâce au skate. 


Treize ans et une bouille de bébé. Stevie vit à Palms, un quartier populaire de Los Angeles, avec son grand frère Ian et sa mère. Le premier répond à l'admiration de son petit frère par les coups et la seconde ne se rend compte de rien. Du coup, Stevie traîne son mal-être et cache ses bleus jusqu'à ce qu'il tombe sur une bande de jeunes skateurs. Ils sont cool et rebelles. Fasciné, Stevie se met à la planche et intègre progressivement le gang.


Devenu célèbre avec les comédies de Judd Apatow (SuperGrave), Jonah Hill s'est imposé avec son physique de gros nounours mal léché et son parler cash. Sans jamais s'éloigner du cinéma indépendant, le comédien s'est fait remarquer par ses interprétations nuancées dans des comédies dramatiques (Moneyball, Le Loup de Wall Street). Parallèlement à une importante perte de poids, décidée pour accéder à des rôles plus sérieux, il a sacrément gagné en épaisseur. Ou plutôt il a prouvé que son talent ne se résumait pas à son physique, même s'il en a longtemps joué.

On peut affirmer que 90's est un film très personnel. Hill en a écrit le scénario, l'a réalisé et co-produit. Et il a su retransmettre l'atmosphère et l'état d'esprit d'une époque, celle des années 1990. MTV rules. Les teenagers enfilent des t-shirts trop larges et des baggies qui tombent sur des sneakers à gros lacets. Les images défilent au rythme d'une bande-son très marquée hip hop, avec des grands noms (Snoop, Public Enemy, Wu Tang, A Tribe Called Quest...) et d'autres qui rappelleront de bons souvenirs aux fans de Old School (Del The Funky Homosapien, Jeru The Damaja, Souls Of Mischief).

Kids on wheels

Jonah Hill n'en reste pas pour autant à la surface des choses. Il brosse le portrait d'un gamin un peu paumé et malmené mais dont l'innocence enfantine le protège encore des saloperies de la vie. Le formidable Sunny Suljic irradie l'écran. Sa candeur et son énergie en font le lointain petit-cousin américain d'Antoine Doisnel. Il y a d'ailleurs un peu des 400 Coups dans 90's. On pense également au gosse du Voleur de bicyclette. Stevie le mal aimé rejoint des lost boys on wheels. La bande de skateurs regroupe d'autres ados qui ne vivent que pour les figures qu'ils tentent de réaliser avec leurs planches. Il y a Ray, le plus appliqué, qui veut devenir skateur professionnel : il est interprété Na-Kel Smith, membre du collectif de skateurs angelinos Illegal Civilization, tout comme Sunny Suljic et Olan Prenatt, qui incarne Fuckshit, le plus "barré" du groupe. Gio Galicia joue Ruben, jaloux de la popularité de Stevie, et Ryder McLaughlin, Fourth Grade, le taiseux à la caméra. Chaque jeune comédien apporte une fraîcheur et une sensibilité qui participent à la réussite du film.

Egalement au casting : Lucas Hedges (Three Billboards, Boy Erased) dans le rôle de Ian, le grand-frère brutal ; Katherine Waterston  (Les Animaux fantastiques, Alien Convenant) dans celui de la mère dépassée et Alexa Demie (Euphoria) dans celui d'une ado qui va changer la vie de Stevie. Ajoutons la participation de Del the Funky Homosapien et de quelques gloires du skate. Les personnages de 90's sont des écorchés vifs, qui vont progressivement dévoiler leurs failles et leurs blessures. Jonah Hill les filme avec beaucoup d'empathie et de tendresse. Il signe un premier long-métrage touchant et vivifiant sur l'adolescence, l'amour et l'amitié, en même temps qu'un film culte sur l'univers du skate. 

Outre le commentaire audio, l'édition de Diaphana Distribution propose en bonus quatre scènes coupées. 

Anderton


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