mercredi 6 novembre 2019

Toy Story 4 : Woody libéré, délivré

En DVD et Blu-ray : On avait dit adieu à Woody, Buzz et aux autres jouets au terme d'une trilogie riche en rires et en larmes, sur un troisième opus bouleversant. Et voilà que Pixar nous propose Toy Story 4, désormais disponible en vidéo. On pouvait craindre le film de trop et c'est tout le contraire. Encore un grand coup de coeur.



Cette fois-ci, la bande de jouets fait tout son possible pour accompagner la petite Bonnie dans ses jeux d'enfant. Woody fait bonne figure, même s'il est souvent laissé au placard. En plus, à la maternelle, la fillette a construit son propre jouet, Fourchette, qui est devenu son chouchou. Lors d'un voyage dans le camping car familial, ce nouveau venu, qui se prend pour un détritus, s'éjecte du véhicule. Woody part à ses trousses. Les voici dans une petite ville où s'est installée une fête foraine. Woody y retrouve Bo la bergère et doit faire face à une poupée inquiétante chez l'antiquaire locale. Evidemment, Buzz et le reste de la bande vont venir à sa rescousse...


Il y a quelque chose de réconfortant à ne pas pouvoir résumer Toy Story 4 en une phrase. Comme si la fin de la dictature du pitch, l'enterrement du high concept faisaient entrer le film d'animation dans un âge de la maturité. Celui des histoires complexes habitées par des personnages à la psychologie étoffée. C'est en tout cas ce à quoi nous a habitués la saga Toy Story. Nouvelle démonstration avec ce quatrième film. Le scénario a été coécrit par Andrew Stanton (réalisateur et scénariste du Monde de Nemo et de Wall-E) sur une idée de John Lasseter et Rashida Jones (The Office, Parks & Rec) entre autres. Stanton connaît bien cet univers puisqu'il a également signé les scripts des trois films précédents. C'est dire s'il maîtrise les émotions des personnages. 

On ne joue plus

Davantage mis en vedette que Buzz, Woody n'est plus tout à fait le jouet angoissé et égocentrique des débuts. On serait tenté de dire qu'il a mûri et gagné en bienveillance. Lui, plus que ses autres camarades, comprend la détresse de Bonnie mais aussi le mal-être de Fourchette. D'où son sens du sacrifice pour réconforter l'une et rassurer l'autre, faisant passer au second plan ses propres questionnements. Woody ira même jusqu'au sacrifice ultime avant de trouver l'apaisement et d'atteindre une forme de sagesse. Il découvrira le sentiment le plus fort : l'amour. Libéré, délivré, il s'affranchira alors de sa condition de jouet.

C'est une histoire magnifique, dont la conclusion est une fois de plus poignante. Pour autant, Toy Story 4 demeure un formidable divertissement familial qui suscite bien des rires. Josh Cooley, dont c'est le premier long-métrage (il a travaillé sur plusieurs productions Pixar, comme storyboarder notamment), s'en sort parfaitement, parvenant à faire coexister comédie et action spectaculaire, émotions et suspense, trouvailles visuelles et références geek. Et puis, il y a toujours ces ténèbres qui planent sur la saga : la solitude, la peur de la mort, la cruauté... Certaines scènes dans le magasin d'antiquité flirtent avec le film d'horreur. Pour autant, la force (des sentiments positifs) l'emporte sur le côté obscur.

La réussite du film tient, une fois de plus, au talent de son casting vocal : Tom Hanks (Woody) et Tim Allen (Buzz) bien sûr, rejoints par des nouveaux venus, Keanu Reeves dans le rôle de Duke Caboom le motard cascadeur canadien, Tony Hale (Veep) dans celui de Fourchette, Keegan-Michael Key et Jordan Peele dans ceux de deux peluches aussi mimi que bagarreuses, et Christina Hendricks dans celui d'une inquiétante poupée. Les vétérans Carol Burnett, Mel Brooks, Carl Reiner et Betty White font aussi des apparitions vocales. Joan Cusack, Don Rickles, Kristen Schaal, Timothy Dalton, Carl Weathers, Patricia Arquette et Bill Hader complètent cet impressionnant ensemble. En VF, ce n'est pas mal non plus : Jean-Philippe Puymartin, Richard Darbois, Audrey Fleurot, Pierre Niney, Jamel Debbouze, Franck Gastambide et Angèle.


A priori, Toy Story forme une tétralogie. Il ne faut douter de rien (la preuve, on croyait que le 3 serait le chapitre final) mais la suite des aventures devraient se dérouler via des spin-off diffusés sur Disney+ (lire l'article du Mouv'). En attendant, cette belle édition, qui mérite le label "classique", nous permet de profiter encore et encore de la conclusion d'une belle aventure.


Toy Story : aux sources de la saga
Grâce à la collection BFI Les classiques du cinéma, proposée par le British Film Institute et publiée en France par Akileos, on peut se replonger dans la production du tout premier Toy Story. L'auteur Tom Kemper nous fait revivre la naissance mouvementée de Pixar, avec pour parrains George Lucas et Steve Jobs. Il nous plonge au milieu du "nid de rats", surnom de l'antre des nouveaux animateurs de Disney : John Lasseter, Brad Bird, Tim Burton et John Musker. Issus de CalArts, ces brats sont davantage fascinés par Tex Avery que par Walt Disney et par la pop culture plutôt que par l'art européen du XIXe siècle qui imprègne les productions de l'Oncle Walt. Après avoir planté le décor, l'auteur se concentre sur le film, son esthétique, son état d'esprit, sa mise en scène, ses références. Richement illustré, ce petit livre s'avère une mine d'informations pour le cinéphile.

Anderton

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