mardi 14 septembre 2021

Dune : les 4 paris réussis de Denis Villeneuve et Timothée Chalamet

Dune Denis Villeneuve CINEBLOGYWOOD


En salles : Les premières projections de Dune suscitent des réactions dithyrambiques. Je ne serai pas original en participant à ce concert d'éloges, tant le film de Denis Villeneuve, avec Timothée Chalamet et Zendaya, est un spectacle total qui emporte le spectateur dans un voyage grandiose. Retour sur quatre paris réussis.


Surnommée Dune, la planète Arrakis abrite en son sol l'Epice, une drogue bienfaitrice qui rend également possibles les voyages interstellaires. L'empereur confie la planète et son exploitation à la Maison des Atréides, déchaînant la colère des autres peuples de l'Impérium. A la tête d'une imposante armée, le duc Leto Atréide se rend sur Arrakis en compagnie de son fils Paul et de sa concubine. Sur place, il constate la vétusté des installations et tente de nouer contact avec les Fremen, le peuple autochtone qui vit mal les occupations étrangères et se terre, dans l'attente d'un messie. Mais la Maison des Harkonnen, qui a longtemps surexploité l'Epice, n'a pas dit son dernier mot. 

1) La pureté du récit

Premier pari réussi : avec ses coscénaristes Eric Roth et Jon Spaihts, Denis Villeneuve a réussi à rendre compréhensible un récit riche et complexe. Le trio pose les enjeux et présente les personnages et leur univers de manière à la fois claire et habile. Et surtout sans appesantir l'histoire. Nous voici donc d'emblée plongés au coeur d'un monde forcément déroutant mais la culture populaire s'étant enrichie de sagas foisonnantes (de Star Wars à Game of Thrones), les spectateurs sont moins perdus que ceux qui avaient découvert le Dune de David Lynch en 1984 (cf l'encadré ci-dessous). 

2) La richesse des mondes 

Deuxième pari réussi : le cinéaste canadien et son département artistique se sont surpassés pour donner vie à l'imaginaire débordant de Frank Herbert. A l'instar de la musique novatrice de Hans Zimmer, chaque plan fascine par son étrange beauté. Le choc visuel tient autant au cadre, à la mise en scène et à la photo qu'à ce qui est donné à voir : des vaisseaux et des sites monumentaux, des costumes somptueux mais aussi des langues (orales ou des signes), des mythes, des pratiques et cérémonies qui déroutent. Le spectateur est transporté ailleurs et les 155 minutes du film défilent à la vitesse de la lumière.

3) L'intensité de Timothée

Troisième pari remporté haut la main : celui de confier le rôle principal à Timothée Chalamet. Les tenues extravagantes qu'il porte lors de ses apparitions publiques ne sauraient éclipser le talent du jeune homme. Encore fallait-il qu'il soit capable d'incarner le héros de cette superproduction de 165 millions de dollars. Et d'exister face à des comédiens à forte personnalité tels Oscar Isaac, Josh Brolin, Jason Momoa, Javier Bardem ou Charlotte Rampling. Chalamet incarne avec une intensité toute en maîtrise un héritier à la fois fougueux et empli de doutes qu'il fait sortir de l'adolescence pour le faire entrer douloureusement dans l'âge adulte, l'âge des responsabilités. Une maturation impressionnante à voir. Evoquons également la présence au générique de Rebecca Ferguson, Zendaya, David Bautista, Stellan Skarsgard et Sharon Duncan-Brewster, qui, comme leurs camarades précités, transmettent une force brute, voire brutale, à leurs personnages.

4) La résonance du message

Dernier pari relevé : raconter les ravages de la surexploitation des ressources naturelles, les horreurs du colonialisme, l'impact des activités humaines sur la nature, la menace du militarisme sans tomber dans le film à thèse. Par les visions saisissantes qu'il nous donne à voir, Villeneuve nous interpelle et nous émeut sur la beauté du monde et la folie des hommes occupés à le détruire. Dune s'achève, en nous laissant sans voix jusqu'à ce que l'on se mette à crier à l'attention de Warner : "On veut la suite !".

D'un Dune à l'autre

Adolescent (je vous parle des années 1980, et oui), j'avais tenté de lire l'ouvrage de Frank Herbert, sur les conseils emballés de mon frère. Sa complexité m'avait rebuté et je n'étais pas allé au-delà des premiers chapitres. J'avais bien tenté de me rattraper avec le film de David Lynch, sorti en 1984, mais là encore, tout en reconnaissant l'ambition de la production, j'avais été perdu par l'histoire (bon, nous étions arrivés à la séance avec 30 minutes de retard et nous avions regardé cette première demi-heure manquée à la séance suivante, ce qui ne m'avait vraiment pas aidé à comprendre le récit), déconcerté par certains choix artistiques (les voix off, certains dialogues et costumes) et même un brin dégoûté par les scènes avec le pustuleux baron Harkonnen. J'ai revu le Dune de Lynch il y a quelques mois, lors de sa diffusion sur Arte : sans être complètement convaincu, j'ai mieux apprécié la démarche originale du cinéaste, même si elle n'est pas toujours réussie. Mais Lynch a fait valoir qu'il n'a pas eu le final cut. Dune 1984, un grand film malade à la beauté vénéneuse. 

Anderton

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