En Blu-ray et DVD : Michael Bay a beau avoir 57 ans, il n'a calmé ni ses ardeurs, ni ses excès. Illustration avec Ambulance, sorti en vidéo chez Universal Pictures France : du cinéma d'action hollywoodien comme on l'aime et pour lequel le cinéaste va encore plus loin et tape encore plus fort. Entre hommages, autoréférences et réinvention.
Will a donné quelques belles années de sa vie à l'Oncle Sam mais à son retour d'Afghanistan, il peine à joindre les deux bouts. Pire, il doit trouver 231.000 dollars pour payer une intervention chirurgicale capitale pour sa femme Amy. Danny, son "brother from another mother", lui propose de participer à un braquage. A la clé : 32 millions de dollars. Will se laisse embarquer. Le plan semble se dérouler parfaitement mais la banque est surveillée par une unité de la police de Los Angeles. Pour échapper aux flics, Will et Danny prennent le contrôle d'une ambulance. A son bord, l'infirmière Cam Thompson et un policier gravement blessé pendant le casse. Une course-poursuite folle s'engage dans les rues de la Cité des Anges.
On retrouve dans Ambulance ce qui fait le style Michael Bay : une esthétique hyper léchée, une caméra virevoltante, un montage nerveux, des séquences d'action spectaculaires, des plans iconiques qui restent gravés dans notre rétine, des personnages qui frisent la caricature, des punchlines qui frôlent le ridicule... Le cinéaste va même encore plus loin en utilisant des caméras montées sur drone qui livrent des plans de haute voltige. Comme si Bay pouvait enfin réaliser son rêve, coller au plus près de l'action, en y prenant part même. Sa caméra devient un véhicule au même titre que l'ambulance ou les voitures du LAPD. Elle plonge du haut des buildings de Downtown, slalome entre les piliers d'un hangar, poursuit les engins lancés à toute vitesse, les croise, les évitent de justesse. On imagine la jubilation du cinéaste derrière son combo, tout heureux de réinventer en partie son cinéma. Quitte à se laisser aller à quelques plans gratuits mais tellement détonants. Qu'importe, Michael préfère les sens (et l'essence) au sens.
Fougue et (auto)citations
Pour autant, Ambulance est tout sauf un blockbuster bourrin. Il est traversé par une forme de légèreté que confèrent cette mise en scène aérienne mais aussi la joie du cinéaste. Lequel prend un malin plaisir à venir parader et pétarader sur les plates-bandes de Heat (Michael Mann, 1995), Speed (Jan de Bont, 1994) et Terminator 2 (James Cameron, 1991). Les séquences du braquage au centre-ville et de courses-poursuites font immédiatement penser à ces films. Et Michael Bay le sait parfaitement mais il s'en éloigne illico pour proposer sa propre vision et imposer son style unique. Il s'amuse également à s'autociter, dans certains plans et jusque dans les dialogues. Un gamin dont la fougue est contagieuse.
Il embarque dans son sillage un trio d'acteurs avec suffisamment de présence à l'écran pour ne pas se faire noyer dans le déluge de cascades motorisées : Jake Gyllenhaal en bandit charmeur, Yahya Abdul-Mateen II en petit frère embarqué dans un sale coup mais qui tente de ne pas partir en vrille et Eiza Gonzalez en urgentiste qui n'a pas froid aux yeux. Ajoutons une brochette de seconds rôles attachants et un quatrième personnage qui vole parfois la vedette aux comédiens : Los Angeles. D'ailleurs, sur l'affiche les lettres LA se détachent du titre. Le film a été tourné pendant le confinement lié à la covid-19. Les larges avenues de Downtown, encadrées par les immenses tours de verre et d'acier et les immeubles rétro, ont été libérées pour que Bay y déroule gun sequences et car chases. DTLA se révèle dans toute sa splendeur, puis c'est au tour du chenal de la Los Angeles River, des entrelacs de highways, des zones industrielles et quartiers populaires de servir de décors au récit. Le tout baigné par la photo chaude de Roberto De Angelis.
La ville est belle, les personnages la traversent à toute blinde, en chantant Sailing (mais Bay interrompt le moment de grâce par un moment de comédie). La voix de Boby Womack nous envoûte sur sa reprise de California Dreamin'. L.A. est un rêve, comme Hollywood. Et on y croit dur comme fer. Merci, Michael.
Anderton
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