Devinez qui s'invite sous le sapin pour la Noël 2024 ? Wes Anderson, Monica Vitti, la troupe du Splendid, Orson Welles, Romy Schneider, Tom Cruise, Ava Gardner et quelques autres. Le gratin du cinéma dans de beaux livres, d'époustouflantes bandes dessinées et une schnockissime revue.
Jean-Pierre Lavoignat : Le Splendid par le Splendid - Nous nous sommes tant marrés ! (Le Cherche-Midi)
Splendide titre qui évoque la comédie à l'italienne, à la fois drôle, féroce et poignante. A l'image de l'humour pratiqué par la troupe qui a révolutionné la comédie hexagonale. Jean-Pierre Lavoignat s'est effacé pour laisser parler Balasko, Blanc, Chazel, Clavier, Jugnot, Lhermitte et Moynot. Ils reviennent sur leur formidable aventure collective, depuis leur lycée de Neuilly jusqu'aux plateaux de cinéma, en passant par les caves de leurs théâtres. Au fil des pages qu'on dévore avec délectation, beaucoup d'anecdotes, de rigolade et de galères, d'amitié indéfectible, richement illustrées par des photos et affiches d'époque. L'ouvrage, dont la vente aidera la Fondation pour la recherche médicale, est évidemment dédié à Michel Blanc, disparu alors que l'imprimeur s'apprêtait à faire son office. Le petit hommage de la bande en préambule est d'une simplicité bouleversante.
Christophe Narbonne : Wes Anderson - La totale (E/P/A)
Son style caricaturé à des images chic, colorées et symétriques est devenu une tendance sur TikTok et parfois sujet à raillerie facile. C'est dommage et surtout injuste. Aussi Christophe Narbonne remet-il l'église andersonienne au milieu (forcément) du village cinématographique avec ce très bel ouvrage, aux textes intelligents et à l'iconographie aussi riche que soignée. L'auteur passe en revue les onze films et sept courts-métrages du plus parisien des Texans. Pour chaque oeuvre, il revient sur la genèse, et parfois la longue maturation, d'une idée, puis sa mise en production jusqu'à sa réception publique. Le lecteur est plongé au coeur de la machine Wes, qui est surtout une communauté de talents entraînée par un cinéaste débordant d'inventivité. Le déroulé de la filmographie est entrecoupé de chapitres thématiques (écriture, symétrie, univers visuel, influences...) qui éclairent la démarche de l'artiste. Narbonne en révèle toute la richesse et la profondeur. La totale, quoi !
Monica Vitti : Mémoires (Séguier)
L'envoûtante Monica Vitti a rédigé ses mémoires dans les années 1990. La maison Séguier qui nous a souvent régalés les a enfin traduits en français. Ne vous attendez pas un à banal livre de souvenirs. La comédienne joue au chat et à la souris avec le lecteur, se dévoilant autant qu'elle semble se dissimuler dans son propre personnage. Quand elle évoque ses sorties à la plage avec son frère, sous la surveillance étouffante de sa mère, des images en noir et blanc nous assaillent. On se projette dans ce qui aurait pu être une scène d'un film d'Antonioni. Puis elle se met en scène lors d'une interview fleuve avec une journaliste. Elle se raconte, se reprend, se contredit. Elle doute, suranalyse, rit aux éclats, pleure de joie comme de tristesse. Croque la vie puis plonge dans la mélancolie. En dit beaucoup tout en laissant planer un infini mystère. Et tout cela écrit avec style.
Philippe Lombard : Stars de l'action - Rois et reines de la castagne à l'écran (Hugo Image)
Philippe Lombard sort des livres plus vite que Bruce Lee enchaîne les coups. Avec le même soin et la même précision que le maître du kung fu. Dans les deux cas, l'amateur de cinéma est aux anges. Dans ce livre grand format, à la foisonnante iconographie, l'auteur partage son savoir encyclopédique sur ceux et celles qui ont marqué de leur empreinte les films d'action - et la gueule de leurs adversaires. De Douglas Fairbanks à Tom Cruise, en passant par Pam Grier, Jackie Chan ou Jean Reno, il résume des carrières avec l'efficacité de Michael Bay filmant une explosion. Il s'intéresse aussi aux duos de vrais amis/meilleurs ennemis (Belmondo-Delon, Moore-Connery, Hill-Spencer...), élabore des Top 5 ou 10, braque le projecteur sur des films cultes, dégage des thématiques... On en apprend à chaque page. Un sacré (coup de) pied.
Par ailleurs, les éditions Dunod rééditent 600 répliques de films compilées par Philippe Lombard. Il y a du lourd, du mythique, de l'incongru, de la rareté regroupés par chapitres thématiques pour ainsi pouvoir rebalancer des saillies de cinéma au lit, au bureau ou au réveillon. Dixit Lambert Wilson dans Telle mère telle fille : "Allez, joyeux Noël à tous, on se casse !". Un ouvrage d'utilité publique, comme le souligne l'auteur.
Thierry Lacaze : 50 ans de cérémonie des César (E/P/A)
Il doit être sacrément masochiste, Thierry Lacaze, pour s'être infligé de revoir cinq décennies d'interminables, d'ennuyeuses, de malaisantes cérémonies des César. C'est ce qu'on se dit spontanément avant de consulter ce beau livre. Car avouons-le, le César bashing est devenu un passage obligé du "vrai cinéphile" officiant sur les réseaux sociaux. Je m'y suis engouffré, parfois avec raison (oui, il y a quand même des moments interminables, ennuyeux et malaisants), souvent pour le plaisir de balancer une vanne. Mais sans avoir la fidélité de l'auteur, comme lui, j'ai aussi ri, j'ai aussi été ému devant mon petit écran. Coluche qui marche dans la nuit noire, Annie Girardot qui lâche que le cinéma lui a manqué follement, Michel Serrault en larmes qui remet une récompense à un Bernard Blier affaibli, Jerry Lewis faisant enrager Louis de Funès, Jean-Pierre Bacri râlant, Laurent Lafitte vannant... Ces souvenirs forts, je les ai retrouvés dans l'ouvrage de Lacaze. J'y ai aussi découvert de savoureuses anecdotes ainsi que de belles ou de drôles d'histoires. Sur les doubles nominations, les chansons, les interludes, les tenues de soirée... Thierry Lacaze a compressé un demi-siècle en 240 pages dont la maquette et l'iconographie incitent à se perdre dans la lecture. Une lecture jamais interminable, ennuyeuse ou malaisante. C'est même tout le contraire.
Schnock n° 53
L'indispensable revue qui s'adresse aux vieux de 27 à 87 ans sort un numéro qui met à l'honneur Romy Schneider (extrait). Sautet, Dabadie, Sarde sont convoqués ; Romy et sa fille itou. Qu'elles soient inédites ou retrouvées, les interviews sont toujours passionnantes, tout comme les analyses de films, disques et livres rares. La bande à Alister sort également Serge Lama, Big Jim et le Bolino du placard. Et ça ne sent jamais le renfermé. Intelligence, humour et style. Schnockbar, comme disent les jeunes.
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Anderton
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