Ce n'est pas la douce nuit de Noël à laquelle vous invitent ces trois albums de bande dessinée. Le Noël qu'ils racontent n'a rien de paisible. Au sommaire : de la fantasy et de l'ho-ho-horreur. You better watch out!
Grant Morrison et Dan Mora : Klaus La véritable histoire du père Noël (Urban Comics)
Héritier de Saint-Nicolas ou créature de Coca-Cola, qui est Santa Claus ? Grant Morrison et Dan Mora n'ont pas eu peur de s'attaquer au mythe pour proposer une très originale origin story. Ils ont fait du vieux barbu une sorte de super-héros. Après tout, comme le note le scénariste en introduction de ce recueil de plus de 400 pages, il est immortel, traverse la planète à une vitesse phénoménale, vit dans un refuge secret, porte un costume... Le duo nous transporte ainsi à Grimsvig, une paisible cité que Klaus, venu y vendre des fourrures, trouve complètement changée depuis sa dernière visite. Finis les rires, la joie. Le souverain Magnus oblige les hommes à travailler à la mine et interdit à leurs enfants de jouer. Accompagnée de sa louve Lilli, Klaus va défier l'autorité du despote et redonner du bonheur dans tous les foyers.
Concept casse-gueule qui aurait pu s'avérer kitsch à souhait mais le duo d'auteurs évite cet écueil. C'est qu'ils ont abordé cette histoire comme un conte de fantasy, avec héros solitaire, vilain sadique, forces surnaturelles. Le scénario de Morrison est malin, les dessins de Mora, spectaculaires. Cet album (extrait) réunit plusieurs histoires et se conclut par plus de suppléments (un épisode commenté, un calendrier de l'avent, une galerie de couvertures...) que la hotte du père Noël pourrait en contenir.
James Tynion IV et Joshua Hixson : Le Déviant - première partie (Urban Comics)
Auteur à succès de comics, Michael a décidé de tourner la page pour s'intéresser au Déviant, le surnom d'un serial killer qui a horriblement assassiné des adolescents à la période de Noël dans les années 1970. Enfant, Michael habitait non loin du tueur. Il part l'interviewer en prison. Randall Olsen maintient qu'il est innocent mais que son homosexualité en a fait le coupable idéal. Lui-même homosexuel, Michael est troublé. Alors qu'il décide d'écrire un livre sur cette affaire, un nouveau meurtre intervient, reprenant les méthodes du Déviant.
James Tynion IV et Joshua Hixson invoquent les esprits de Truman Capote (pour son roman De sang-froid) et Michael Myers (le serial killer d'Halloween) pour proposer un récit dont les lumières de Noël ne parviennent pas à faire disparaître la noirceur. Le lecteur est happé par cette enquête qui rouvre des traumatismes liés aux monstrueux crimes mais aussi à l'homophobie décomplexée qui s'exprimait à l'époque et qui perdure aujourd'hui. Randall nous intrigue tout autant que Michael. Ce premier tome réussi (extrait) se clôt par un cliffhanger qui met notre patience à l'épreuve.
Eric Powell, Mike Mignola, Becky Cloonan et James Harren : Petits contes macabres (Delcourt)
Les artistes à l'origine de cet album réjouissant s'amusent à mettre en scène des personnages qui leur ressemblent furieusement, à ceci près qu'ils ne se supportent pas. Malgré tout, ils se donnent rendez-vous comme chaque année à la Noël pour se raconter d'épouvantables histoires. C'est à qui fera effraiera le plus ses comparses... et à qui débinera le plus les récits des trois autres.
Réjouissant album (lisez un extrait) car il réunit un quatuor talentueux - les cadors Mignola (Hellboy) et Powell (The Goon) associés aux tout aussi doués Cloonan et Harren - dont chaque membre s'en donne à coeur joie pour signer de courtes histoires étranges, drôles ou horrifiques ou tout cela à la fois. Quatre styles différents donc mais parfaitement associés via le récit de ce club de conteurs grognons. Ambiance gothique. Quand Dickens rencontre Lovecraft et King. A lire devant un feu en sirotant un whisky. Et en jetant quelques regards derrière son dos. On n'est jamais trop prudent.
Anderton
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