Fini le temps où chaque nouveau film de Wes Anderson suscitait un déluge d'éloges. Désormais, le cinéma du plus européen des Américains divise. Asteroid City, qu'Universal Pictures France a sorti en vidéo, n'échappe pas à la règle.
En 1955, cinq jeunes inventeurs en herbe viennent présenter leurs créations dans le cadre d'un événement organisé à Asteroid City. Comme son nom l'indique, cette petite ville paumée au milieu du désert se distingue par un immense cratère creusé par une météorite. Laquelle est dérobée, en pleine cérémonie, par un alien descendu d'une soucoupe volante. L'armée met immédiatement le site en quarantaine : les lycéens et leur famille ainsi que des voyageurs de passage doivent cohabiter tandis que les curieux se pressent aux frontières de ce lieu visité par un extra-terrestre. Cette histoire est au coeur d'une pièce de théâtre dont on découvre les différentes étapes de création.
Présenté au Festival de Cannes 2023, Asteroid City est du pur Wes Anderson : les récits et les formats se mêlent, au rythme d'un découpage en chapitres. Plans fixes à la construction géométrique et rapides travellings latéraux ou avant mettent en valeur une galerie de personnages interprétés par une galaxie de stars - les habitués et les nouveaux venus : Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Jeffrey Wright, Tilda Swinton, Adrien Brody, Edward Norton, Willem Dafoe, Tom Hanks, Bryan Cranston, Liev Schreiber, Margot Robbie, Steve Carell, Matt Dillon, Jeff Goldblum...
Ligne claire et mélancolie
Tout ce petit monde évolue au sein de décors foisonnant de détails, qui semblent tout droit sortis de l'Hollywood de la grande époque. Là encore, miniatures, décors naturels et reconstitution en studios se mélangent, au point que ce qui semble fake s'avère en fait avoir été tourné en plein air, non loin de Madrid, comme le montre un des bonus de l'édition vidéo. Pour les séquences montrant Asteroid City, Anderson mise sur les couleurs un peu passées et sa "ligne claire". Chaque plan minutieusement construit évoque la case d'une bande dessinée, les travellings latéraux permettant de passer à la suivante. On n'est pas loin non plus du cartoon ; apparaît d'ailleurs ici et là un Grand Géocoucou, clin d'oeil au fameux Bip Bip des Looney Tunes. L'esprit de Jacques Tati imprègne le film. Lorsqu'il est question de la pièce de théâtre, place au noir et blanc. Les séquences se déroulent sur la scène d'un théâtre.
Le cinéaste multiplie les mises en abyme et les références à la mise en scène. Comme à son habitude, il signe des dialogues et des situations délicieusement absurdes. L'humour est omniprésent mais contrebalancé par une mélancolie touchante. Le malheur de certains personnages les rend presque incongrus au sein de l'univers d'Anderson. Personnellement, j'ai aimé Asteroid City : je n'ai pas ressenti de nombrilisme mais en effet, une tristesse lancinante qui empêche le film d'être aussi pétillant que The Grand Budapest Hotel par exemple. Il n'en reste pas moins la belle expression d'un cinéaste à l'univers original et attachant.
Anderton
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