Pathé poursuit la restauration de son patrimoine pour le plus grand bonheur des cinéphiles. Parmi les films qui ont récemment bénéficié d'un nouvel éclat, deux coups de coeur : Astérix et Obélix Mission Cléopâtre (Alain Chabat, 2002) et Le Samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967). Les versions 4K sont disponibles en vidéo, y compris dans des coffrets méga collector de dingo.
Dans chaque édition, un bonus revient sur le processus de remasterisation, expliqué par Tessa Pontaud, directrice adjointe en charge de la restauration du patrimoine chez Pathé. La "rénovation totale" de l'aventure des Gaulois a mobilisé la société Hiventy ; celle du tueur mutique a été menée avec les équipes de L'Immagine Ritrovata. Toutes les étapes sont présentées : la réparation des bobines, le scan image par image, le travail sur les couleurs, le son... Pathé a même recouru à l'intelligence artificielle pour améliorer certains trucages de Mission Cléopâtre, dont l'équipe technique a pris part à la restauration. Le Labo de Jay propose d'ailleurs un doc très complet (et plus détaillé que le bonus) sur cette entreprise exceptionnelle et inédite à plus d'un titre :
Pour Le Samouraï, c'est le directeur de la photo et réalisateur Bruno Nuytten qui est intervenu comme consultant. L'idée était de préserver les couleurs désaturées du film, tout en accentuant les contrastes et en corrigeant certains plans beaucoup trop sombres. A l'inverse, le long-métrage d'Alain Chabat retrouve des couleurs vives, dans l'esprit de la bande dessinée signée Goscinny et Uderzo. A l'écran, même celui du téléviseur, le résultat est dans les deux cas spectaculaire : on redécouvre les oeuvres dans un éclat proche de celui de leur exploitation en salle, parfois même corrigées de certains défauts visuels. Une foule de détails apparaît, donnant aux films une densité et des nuances jusqu'alors perdus.
Parmi les autres bonus, les teasers d'époque pour Mission Cléopâtre. Pour Le Samouraï, Philippe Labro évoque dans un passionnant entretien réalisé par Bertrand Tessier son amitié avec Jean-Pierre Melville et l'influence du cinéaste sur Michael Mann, Christopher Nolan et bien d'autres. Surtout, le journaliste-écrivain-réalisateur aborde avec beaucoup de justesse l'univers et la vie d'un homme visionnaire, torturé, aussi généreux que mesquin.
Générosité et ascèse
Et les films dans tout ça ? Quel bonheur de repartir en Egypte antique dans les pas de nos amis moustachus et bagarreurs. Mission Cléopâtre n'a pas pris une ride (encore, moins depuis son lifting). L'humour de Chabat s'associe parfaitement à l'esprit de la BD. Gags et répliques continuent de faire mouche (qui pète). Et puis cette ambition de nous offrir une superproduction poilante, cette générosité dans chaque plan, ce casting de comédiens au top du game. Avé Alain morderi te salutant !
Autre salle, autre ambiance avec le polar à l'os de Melville. Mise en scène et interprétation principale se répondent et se retrouvent dans une même ascèse. Pas de fioriture mais une efficacité maximale qui touche dans le mille. Toucher étant bien le terme puisque l'émotion naît d'un personnage qui n'en laisse apparaître aucune. Alain Delon campe un homme seul, en totale maîtrise de son "art", animé par un code d'honneur qui n'a plus cours dans la société. Un de ses plus grands rôles dans un des meilleurs films de Melville.
Pathé propose deux écrins exceptionnels à ces longs-métrages remastérisés : des éditions limitées, avec livre et 33 tours (Le Samouraï), affiche et jeu de société (Mission Cléopâtre). Vous savez quoi demander au Père Noël si vous avez été sages...
Anderton
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