Avec La Bibliothèque de Daniel Clowes, Delcourt poursuit la réédition des albums phares de l'artiste américain. Le génial Pussey! nous plonge dans le marigot de l'industrie des comics, entre surexploitation des talents et "nerditude" absolue.
Auteur de bande dessinée. Plus d'un jeune fan du 9e art en a rêvé. Dan Pussey s'est accroché à son rêve jusqu'à rejoindre Infinity Comics où il a découvert la sordide réalité d'une industrie aux mains de business men aussi retors qu'impitoyables. Son manque d'assurance et sa difficulté à interagir avec d'autres êtres humains en font la victime consentante d'un système qui broie les ego et asservit les artistes. Dans les huit histoires que réunit cet album (découvrez les premières planches), on suit les mésaventures de Pussey (dont le nom évoque l'une des désignations du sexe féminin et d'une personne couarde) depuis sa jeunesse boutonneuse jusqu'à son trépas solitaire.
Daniel Clowes livre sa vision acerbe d'un monde qu'il connaît intimement. Sa description d'Infinity Comics, où les talents sont malmenés par un éditeur hâbleur et manipulateur, fait évidemment penser à Marvel quand Stan Lee y régnait en maître absolu. Clowes décrit avec exagération et à la fois justesse l'organisation d'un studio de comics, avec ses castes (dessinateurs, scénaristes, encreurs, lettreur...), ses personnalités d'adulescents coincés dans leur univers de fiction, son rythme infernal, son public de nerds collectionneurs qui courent les conventions pour y arracher un dessin original... Aucune tendresse de la part de Clowes. Sous son pinceau, les personnages sont moqués, caricaturés, humiliés. Avec son style un peu rétro, qui rappelle celui des dessinateurs de Mad Magazine (Wallace Wood, Jack Davis), l'artiste brosse une galerie de portraits figés dans des expressions grimaçantes. Cheveux gras, acné, gouttes de sueur en sus. Dan Pussey ressemble à s'y méprendre à un Napoleon Dynamite boursouflé. Enfin, c'est plutôt l'inverse, le premier ayant été créé en 1989 et le second en 2004.
Pussey! est drôlement méchant et surtout méchamment drôle.
Anderton
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