C'est l'histoire d'un téléfilm diffusé sur une chaîne récente et considérée comme élitiste que le passage au cinéma a rendu culte. Le Péril jeune a trente ans et je ne laisserai personne dire que c'est un sale âge pour un film. Rimini Editions propose de le redécouvrir dans un nouveau master restauré 4K au sein d'un beau et riche coffret vidéo.
"On fait pas de mal, merde ! On est une bande de jeunes, on se fend la gueule." Du pur Coluche qui aurait pu faire le pitch du Péril jeune (1994). Sauf que les ados filmés par Cédric Klapisch n'ont rien de blousons noirs. Ce sont des lycéens, chevelus et échevelés, dont on partage le quotidien, au bahut et au troquet comme on disait alors, entre délires, aspirations et angoisses. On est à Paris en 1975. Les dernières effluves de mai 68 flottent dans l'air, le flower power n'est pas complètement fané même si la crise économique se fait sentir. En cette année du bac, Tomasi, Chabert, Momo, Bruno et Léon peinent à se concentrer sur leurs études. Ils se cherchent presque autant qu'ils cherchent les filles. Ils manifestent contre le chômage mais sans grande conviction, préférant faire enrager les profs, jouer au baby-foot, boire des coups, écouter du rock, tester des drogues.
Après un premier long-métrage compliqué (Riens du tout, 1992), Cédric Klapisch accepte une commande moins ambitieuse : réaliser un téléfilm pour la collection Les Années lycée lancée par Arte. Le jeune cinéaste coécrit le scénario avec deux potes de lycée. Entre deux éclats de rire, le trio exploite et romance ses souvenirs sous forme de tranches de vie égrenées lors d'un flashback. Le budget est restreint et le casting composé de jeunes inconnus, apprentis comédiens ou personnalités croisées dans la rue, associés à de savoureux seconds rôles. La fraîcheur et l'insouciance de la démarche comme celles de l'équipe se ressentent à l'écran. Trois décennies plus tard, Le Péril jeune n'a pas pris une ride. Ces ados en devenir sont toujours aussi drôles et émouvants. La mise en scène est alerte, avec plein de bonnes idées. Cela file à toute allure sur une bande son réunissant Jimi Hendrix, Janis Joplin ou Stone et Charden. Une pincée de mélancolie parfait l'ensemble.
Que du bonus
La restauration permet de (re)découvrir le film dans de bonnes conditions. Disponible en blu-ray et en DVD, il est accompagné d'une galette de bonus éclairants : les émouvants castings des jeunes comédiens en herbe ainsi qu'une réunion de groupe, dix ans après la sortie du film. La bande reconstituée raconte un tournage bon enfant, un succès qui les cueillent. Joachim Lombard, dont on se dit qu'il deviendra un grand acteur, fuit les spotlights pour mener une carrière discrète ; Romain Duris, qui ne voulait pas faire de cinoche, est devenu une grande star. Vincent Elbaz, Elodie Bouchez et Hélène de Fougerolles sont désormais des artistes reconnus. Julien Lambroschini abandonne le métier d'interprète pour celui de scénariste (Le Grand bain, L'amour ouf). Nicolas Koretzky trace sa route sur les planches et devant les caméras, Julie-Anne Roth explique mi-amère mi-amusée que le public lui demande ce qu'elle est devenue alors qu'elle joue dans une troupe de théâtre...
Autre bonus sympa : Cédric Klapisch et ses potes Santiago Amigorena et Alexis Galmot évoquent joyeusement l'écriture du scénario et leurs années lycée. Un making of raconte l'histoire du film à travers les témoignages du cinéaste, de Pierre Chevalier (Arte), Pierre-Ange Le Pogam (Gaumont) et des producteurs Aïssa Djabri et Farid Lahouassa (Vertigo). Globalement, tout le monde a travaillé en harmonie. Il y a juste eu une prise de bec sur le titre. Un jeu de mot ringard pour lequel s'est battu Klapisch. Lequel, pour les besoins du film, a pris un acide pendant le tournage, avoue Lahouassa. Et le producteur d'affirmer que cette consommation de drogue a impacté la mise en scène du Péril jeune et des films suivants de Klapisch... pour cause de remontées d'acide !
Le coffret comprend également un livret intitulé On a été sincères, avec interview du cinéaste par Marc Godin, ainsi que trois photos au format carte postale. Cela fait quand même beaucoup de bonnes raisons de craquer pour cette édition collector d'un génial hymne à la jeunesse. Clap clap Klapisch.
Anderton
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