Un super-héros tout puissant qui veille au bien-être de l'humanité. Rassurant ? Peut-être. Jusqu'à ce que les motivations et les agissements de ce gardien commencent à susciter des questionnements. Publié aux éditons Urban Comics, The Mighty aborde le mythe du surhomme et de la foi qu'il inspire dans un récit prenant qui adopte les codes de l'enquête policière.
Alpha One est "né" en 1952. Un soldat a été exposé aux radiations émises à la suite d'un essai nucléaire. Non seulement il était indemne mais il a rapidement développé une force phénoménale. Parmi ses autres pouvoirs : capacité de voler, vision laser, ouïe surdéveloppée... Grâce à ses pouvoirs, le super-héros est devenu le protecteur de la Terre, s'attaquant aussi bien au crime qu'aux catastrophes naturelles. Sa popularité contribue au succès de nombreux produits dérivés à son image. Les fonds financent la section Oméga, une police indépendante et exclusivement dédiée à Alpha One. Quand son directeur est retrouvé mourant, le poste est confié à un de ses adjoints, Gabriel Cole. Lequel devient l'interlocuteur privilégié d'Alpha One qu'il admire profondément. Mais en menant son enquête sur cette agression mortelle, Cole découvre des zones d'ombre dans la personnalité du héros suprême.
De The Dark Knight à The Boys, en passant par The Watchmen et bien d'autres albums, la déconstruction du super-héros est presque devenue un sous-genre dans l'univers des comics. Les scénaristes Peter J. Tomasi et Keith Champagne s'attaquent au mythe de Superman. Leur personnage en est complètement inspiré : s'il ne porte pas de cape, il arbore une lettre majuscule sur son torse et surtout, il en partage la plupart des pouvoirs. Progressivement, le duo de scénaristes transforme l'omniprésence salutaire d'Alpha One et son dévouement désintéressé en un motif d'inquiétude. L'intimité de Gabriel Cole est perturbée par les venues inopinées du surhomme. Quand il ne flotte pas dans le ciel à proximité du domicile du nouveau directeur de la section Oméga.
Les douze chapitres de ce récit complet se déroulent au rythme de l'enquête du chef d'Oméga. Il refuse d'imaginer que son héros d'enfance puisse cacher un secret mais les preuves s'accumulent. Le malaise grandit. Ce retournement d'opinion est aussi celui du lecteur, happé par le patient assemblage des morceaux du puzzle.
Deux dessinateurs mettent en images The Mighty (découvrez les premières planches) : Peter Snejbjerg et Chris Samnee. Leurs styles ont un petit côté rétro qui colle bien à ce démontage d'un mythe. Et ils sont assez proches pour donner une belle unité graphique à l'album. Lequel contient une deuxième aventure en trois parties et les appréciables bonus proposés par Urban Comics : carnet de croquis, esquisses, recherches graphiques.
Anderton
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