Artistes : Twixt,
le dernier Coppola, permet de remettre sur le devant de la scène toute
une série d’acteurs qui avaient déserté les écrans, malgré leur heure de
gloire : Val Kilmer et son ex Joanne Whalley (Willow, Kill me again),
of course, mais aussi Bruce Dern, dans le rôle du shérif démoniaque
redneck LaGrange.
Né
en 1936, grand second rôle des 70’s, ce quasi sosie de James Caan avait
tout pour devenir une sorte de Dennis Hopper : rire sardonique, œil
démoniaque, machisme et brutalité avérées. A son actif : Kazan,
Hitchcock, Aldrich, Hasby, Frankenheimer, Clayton, Hill et même Chabrol
(un de ses nanars, Folies bourgeoises en 1976) ! Dommage qu’il n’ait pas
rencontré son Tarantino ou son Lynch pour le remettre sur le devant de
la scène plus tôt. Zoom en 10 films sur la carrière de cet acteur
marquant des seventies :
Pas de printemps pour Marnie
(1964) : dans ce polar psychanalytique de Hitchcock, il joue le rôle
clé du marin qui tente de protéger/violer Tippie Hedren jeune.
Les Anges sauvages
(1966) : dans la lignée de L’Equipée sauvage, un avatar méconnu que
l’on doit à Roger Corman (3 films ensemble).Là encore un rôle clé :
celui de Loser, par qui le scandale va arriver. Outre Peter Fonda et
Nancy Sinatra, il y côtoie Diane Ladd, la mère de leur fille Laura –
toutes deux visibles dans Sailor et Lula.
On achève bien les chevaux
(1969), de Sydney Pollack : d’après Horace McCoy, le grand film sur la
Dépression et l’absurdité de la condition humaine. Invisible depuis trop
longtemps – avis aux éditeurs….
Les cowboys (1972) : Bruce Dern dans un rôle mythique : celui de l’assassin de John Wayne, qui meurt pour la 1ère fois au cinéma. Un film de Mark Rydell (The Rose, La maison du lac).
Silent Running (1972) : Bruce Dern pour la 1ère fois au 1er
plan dans un film SF culte, réalisé par l’immense Douglas Trumbull,
auteur des effets spéciaux de 2001. Dans le rôle du botaniste chargé de
l’entretien de serres géantes dans une navette spatiale, il captive
autant que Clooney dans Solaris de Soderbergh. Chef d’œuvre du genre,
chef d’œuvre tout court. Pour rappel : c’est un certain Michael Cimino
qui est à l’origine du scénario. JE VEUX LE REVOIR !!
The King of Marvin gardens
(1972) : je vous ai déjà énoncé ici ou là ma passion pour ce film de
Bob Rafelson. Dans le rôle du grand frère flambeur et mythomane de Jack
Nicholson, aBruce Dern livre sa composition la plus forte. L’archétype du
cinéma hollywoodien des 70’s ?
Gatsby le magnifique
(1974) : face à Redford dans le rôle titre, il incarne son opposé, un
colosse brutal, riche et volage. A l’image de Mia Farrow dans le rôle de
Daisy, une composition un peu outrée, malgré le faste de la
reconstitution. Semi-échec, qui lui permet de croiser celui qui qui lui
permet de renaître actuellement : Francis Ford Coppola, auteur du
scénario.
Complot de famille
(1976) : dans le dernier thriller du maître, il retrouve Karen Black,
égérie du cinéma indé US des 70’s. Souvent considéré comme mineur, le
film vaut surtout pour ses numéros d’acteur et ses multiples
rebondissements. Pas vu depuis longtemps – à réévaluer ?
Le Retour
(1978) de Hal Ashby : trio amoureux sur fond de guerre du Viêtnam,
Retour est un des plus beaux films de l’époque. Face au couple Jon
Voight-Jane Fonda, Bruce Dern incarne le mari, militaire parti au front,
peu à peu délaissé par son épouse pour un soldat rapatrié devenu
paraplégique. Triomphe public et critique, en compétition à Cannes,
nomination aux Oscars pour Bruce Dern, statuettes décrochées par ses
deux partenaires.
Driver
(1978) de Walter Hill : là encore, à redécouvrir, ne serait-ce que pour
mesure son influence, notamment sur Drive de Nicholas Winding Refn…..
Une oeuevre envoûtante, la rencontre improbable du style de Peckinpah
dans l’univers stylisé de ce que seront les 80’s, avec Adjani en vamp
des casinos, Ryan O’Neal en Ryan Gosling de l’époque, et Bruce Dern en
flic aux abois. JE VEUX LE REVOIR !
Et
depuis….rien. Ou preque. Quelques apparitions ici ou là (De si jolis
chevaux, Masked & Anonymous, quelques Walter Hill). Comme si son
jeu, parfois outré, et souvent plus fin qu’il n’y paraît, en totale
harmonie avec le blues existentiel et violent des 70’s, s’était épuisé
dans ce cadre. Heureusement, le grand Francis, cet autre géant des 70’s, ne l’avait pas oublié.
Travis Bickle
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