vendredi 13 avril 2012

Bruce Dern : retour sur la carrière d’un grand oublié


Artistes : Twixt, le dernier Coppola, permet de remettre sur le devant de la scène toute une série d’acteurs qui avaient déserté les écrans, malgré leur heure de gloire : Val Kilmer et son ex Joanne Whalley (Willow, Kill me again), of course, mais aussi Bruce Dern, dans le rôle du shérif démoniaque redneck LaGrange.

Né en 1936, grand second rôle des 70’s, ce quasi sosie de James Caan avait tout pour devenir une sorte de Dennis Hopper : rire sardonique, œil démoniaque, machisme et brutalité avérées. A son actif : Kazan, Hitchcock, Aldrich, Hasby, Frankenheimer, Clayton, Hill et même Chabrol (un de ses nanars, Folies bourgeoises en 1976) ! Dommage qu’il n’ait pas rencontré son Tarantino ou son Lynch pour le remettre sur le devant de la scène plus tôt. Zoom en 10 films sur la carrière de cet acteur marquant des seventies :

Pas de printemps pour Marnie (1964) : dans ce polar psychanalytique de Hitchcock, il joue le rôle clé du marin qui tente de protéger/violer Tippie Hedren jeune.

Les Anges sauvages (1966) : dans la lignée de L’Equipée sauvage, un avatar méconnu que l’on doit à Roger Corman (3 films ensemble).Là encore un rôle clé : celui de Loser, par qui le scandale va arriver. Outre Peter Fonda et Nancy Sinatra, il y côtoie Diane Ladd, la mère de leur fille Laura – toutes deux visibles dans Sailor et Lula. 

On achève bien les chevaux (1969), de Sydney Pollack : d’après Horace McCoy, le grand film sur la Dépression et l’absurdité de la condition humaine. Invisible depuis trop longtemps – avis aux éditeurs….


Les cowboys (1972) : Bruce Dern dans un rôle mythique : celui de l’assassin de John Wayne, qui meurt pour la 1ère fois au cinéma. Un film de Mark Rydell (The Rose, La maison du lac).

Silent Running (1972) : Bruce Dern pour la 1ère fois au 1er plan dans un film SF culte, réalisé par l’immense Douglas Trumbull, auteur des effets spéciaux de 2001. Dans le rôle du botaniste chargé de l’entretien de serres géantes dans une navette spatiale, il captive autant que Clooney dans Solaris de Soderbergh. Chef d’œuvre du genre, chef d’œuvre tout court. Pour rappel : c’est un certain Michael Cimino qui est à l’origine du scénario. JE VEUX LE REVOIR !!

The King of Marvin gardens (1972) : je vous ai déjà énoncé ici ou là ma passion pour ce film de Bob Rafelson. Dans le rôle du grand frère flambeur et mythomane de Jack Nicholson, aBruce Dern livre sa composition la plus forte. L’archétype du cinéma hollywoodien des 70’s ?

Gatsby le magnifique (1974) : face à Redford dans le rôle titre, il incarne son opposé, un colosse brutal, riche et volage. A l’image de Mia Farrow dans le rôle de Daisy, une composition un peu outrée, malgré le faste de la reconstitution. Semi-échec, qui lui permet de croiser celui qui qui lui permet de renaître actuellement : Francis Ford Coppola, auteur du scénario.

Complot de famille (1976) : dans le dernier thriller du maître, il retrouve Karen Black, égérie du cinéma indé US des 70’s. Souvent considéré comme mineur, le film vaut surtout pour ses numéros d’acteur et ses multiples rebondissements. Pas vu depuis longtemps – à réévaluer ?

Le Retour (1978) de Hal Ashby : trio amoureux sur fond de guerre du Viêtnam, Retour est un des plus beaux films de l’époque. Face au couple Jon Voight-Jane Fonda, Bruce Dern incarne le mari, militaire parti au front, peu à peu délaissé par son épouse pour un soldat rapatrié devenu paraplégique. Triomphe public et critique, en compétition à Cannes, nomination aux Oscars pour Bruce Dern, statuettes décrochées par ses deux partenaires.

Driver (1978) de Walter Hill : là encore, à redécouvrir, ne serait-ce que pour mesure son influence, notamment sur Drive de Nicholas Winding Refn….. Une oeuevre envoûtante, la rencontre improbable du style de Peckinpah dans l’univers stylisé de ce que seront les 80’s, avec Adjani en vamp des casinos, Ryan O’Neal en Ryan Gosling de l’époque, et Bruce Dern en flic aux abois. JE VEUX LE REVOIR !

Et depuis….rien. Ou preque. Quelques apparitions ici ou là (De si jolis chevaux, Masked & Anonymous, quelques Walter Hill). Comme si son jeu, parfois outré, et souvent plus fin qu’il n’y paraît, en totale harmonie avec le blues existentiel et violent des 70’s, s’était épuisé dans ce cadre. Heureusement, le grand Francis, cet autre géant des 70’s,  ne l’avait pas oublié. 

Travis Bickle

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