mardi 19 mars 2013

The Place beyond the pines : the movies beyond the movie


En salles : Après le couple, la filiation ! Trois ans après Blue Valentine, le réalisateur Derek Cianfrance retrouve son alter ego Ryan Gosling pour un polar psychologique qui a tout pour plaire. Une intrigue sur le transfert de culpabilité, qui s'étend sur 15 années, se concentrant sur un flic et un voyou, puis sur leurs rejetons, le tout dans l'Amérique redneck de l'Etat de New York. Ca fleure bon les années 70, tout ça....!


Casting 4 étoiles

Sans compter que le cinéaste réunit un casting 4 étoiles : outre Ryan Gosling dans un rôle aussi mutique que celui de Drive, la classe en moins, le cambouis en plus, on retrouve Bradley Cooper, tout juste sorti de son Happiness Therapy, dans le rôle d'un flic ambitieux et tenaillé par la culpabilité ; Eva Mendes, dans un rôle plus dense que d'habitude ;e t des seconds couteaux à trogne, de l'inusable Ray Liotta en crapule crapuleuse au désormais indispensable Ben Mendelsohn, qui confirme ici tout le bien qu'on pensait de lui après avoir été terrorisé par son personnage de mâle dominateur dans Animal Kingdom. Si on rajoute une BO à la fois froide et émouvante signée Mike Patton, de Faith no more, entrecoupée d'extraits empruntés à Springsteen, Arvo Part et Ennio Morricone, il devait faire bon vivre dans cette place...

Frustrant sur toute la ligne

Sauf que, sauf que....Le film souffre de deux défauts majeurs. Tout d'abord, un problème de rythme qui plombe littéralement sa vision. Par absence de choix scénaristique, les 2h20 de projection n'en finissent pas. En fait, soit Derek Cianfrance aurait dû s'inspirer de la rigueur d'un James Gray dont les opus ne dépassent pas les 1h40 pour se focaliser sur son sujet principal (la transmission du sentiment de culpabilité), soit il aurait dû s'étendre sur 3 heures, pour donner de l'ampleur à ses personnages, secondaires ou pas, à leur évolution et à leurs errements. Là, le spectateur est frustré sur toute la ligne.

Trop respectueux de ses modèles

Sans doute trop respectueux de ses modèles, le film est également plombé par ses références. Pourquoi refaire de Ryan Gosling un avatar du personnage qu'il incarnait dans Drive ? Pourquoi réécrire une intrigue sur la corruption policière qui ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de Copland, de James Mangold ? Enfin, pourquoi filmer les rejetons de Gosling et Cooper déambulant dans les couloirs d'école dans le même style que Gus van Sant, caméra serrée sur l'épaule ? A trop vouloir citer, le film s'alourdit et ne s'envole jamais.

Alors, oui, reste des fulgurances de mise en scène – les cambriolages minutes, une course-poursuite à moto dans la forêt, une séance photo de famille sur un parking, l'irruption nocturne de flics ripoux dans la maison d'Eva Mendes -  un casting irréprochable, notamment les deux rejetons, Emory Cohen, et surtout Dane DeHaan, de la graine de DiCaprio, version Basketball diaries, en puissance. Bref, typiquement, le film qu'on aurait aimé aimer, auquel on aurait souhaité faire de la place dans notre panthéon personnel et qui devra se contenter d'une toute petite place....

Travis Bickle
 

Aucun commentaire: