samedi 16 décembre 2017

Quand Goscinny minichroniquait nos travers

En DVD : Je n'ai jamais oublié le générique de Minichronique, diffusé sur TF1 à Noël 1976 puis Noël 1977 et que L'Atelier d'images a la bonne idée de sortir en intégrale 4 DVD. Le personnage principal, dont je me rappelais la moustache (mais pas le nom), jouait au flipper sur la musique enjouée de Gérard Calvi. Quel plaisir de mordre dans cette madeleine télévisuelle confectionnée avec humour par René Goscinny.


Dans les années 70, le papa d'Astérix est alors au sommet de sa gloire. Le scénariste-phare de la BD franco-belge délaisse les petites cases, dont il commence à se lasser, pour le petit écran. Avec son sens accru de l’observation, il s’attache à pointer du doigt les petits travers et les gros tracas des Français, à travers l’un d’entre eux, le dénommé Georges Bouchard. Chaque épisode est consacré à un thème - les gaffes, les repas d’affaire, l'omniprésence de la pub, les petits moments de gloire, la prise de poids, la vie réelle vs la vie au cinéma, etc. – que Goscinny introduit l’œil pétillant, se mettant parfois en scène, tel un Alfred Hitchcock sous gaz euphorisant. Sa voix off accompagne les joies et surtout les malheurs du pauvre Bouchard, confronté à des situations souvent embarrassantes. Des moments de honte ou de colère que l’on a tous vécus… et que l’on vivra encore, et encore.

On se moque autant de Bouchard que de nous-mêmes. Ce n’est pas un rire méchant mais un rire compatissant. D’autant qu’il est sympathique, Bouchard. Malchanceux, râleur, bon vivant, parfois mesquin, un poil macho, un brin beauf. Un Français, quoi. C'est le sociétaire de la Comédie française Jean-Claude Arnaud qui l'incarne avec truculence, sans craindre le ridicule mais sans tomber dans l'excès non plus. A ses côtés, Jocelyne Darche (qui doubalit la Reine Saba dans Les Mystérieuses cités d'or) dans le rôle de son épouse, quelques seconds rôles aux visages familiers et... Pierre Desproges.
 

 
Réalisées par Jean-Marie Coldefy, les deux saisons (26 épisodes au total, de 13 minutes chacun), dont la seconde a été diffusée quelques semaines après la mort de Goscinny, racontent également la France giscardienne, où le modernisme côtoie le traditionnel, où les intérieurs sont chargés, où l'on mange en costard cravate, où l'on clope partout et souvent, où la femme fait les courses avec un foulard sur la tête puis fait la cuisine et, à la demande de son mari, se lève du canapé pour aller changer la chaîne en ouvrant une petite porte à clé sur un gros téléviseur. Hé ouais, les jeunes, ça se passait comme ça, à l'époque (parfois quand on passait trop de temps devant l'écran, mémé se levait du rocking chair pour éteindre la télé et fermait à clé la petite porte). En bonus, une interview de Jean-Claude Arnaud au JT de TF1, présenté alors par Yves Mourousi - je vous parle d'un temps...
 
Au-delà de la nostalgie qui étreint les spectateurs de ma génération, cette Intégrale des Minichroniques de Goscinny ravit par son humour à la fois fin et vachard. Avec des références très marquées par l'époque mais finalement, des situations encore d'actualité. Du pur Goscinny. On se marre avec bonheur.
 
Anderton

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