A lire : Alors que Star Wars Les Derniers Jedi sort sur nos écrans, un ouvrage imposant raconte l'homme à l'origine de la saga intergalactique et désormais en retrait de son propre univers. Signé Brian Jay Jones, George Lucas Une vie est tout simplement incontournable.
Curieux destin que celui de George Lucas. Le gamin de Modesto, Californie, où il est né en 1944, est un élève médiocre que l'école rebute. Il préfère les comics puis, ado, les voitures. A son père, très strict, qui le prend pour un bon à rien, George affirme qu'il sera millionnaire à 30 ans. L'immense succès de Star Wars, en 1977, lui donnera raison.
Tout semble paradoxal chez Lucas. Le cancre crée avec Star Wars une oeuvre devenue l'égal des grands récits mythologiques ; le jeune cinéaste radical se transforme en réalisateur de blockbusters qui vont mettre un terme au Nouvel Hollywood, dont il est lui-même un rejeton ; son aversion pour les studios l'amène à fonder son propre empire avec Lucasfilm. Il révolutionne le monde des effets spéciaux en créant ILM, oblige les salles de cinéma à évoluer en lançant le procédé THX et en imposant le format numérique mais néglige le potentiel de Pixar, qu'il revend à Apple.
Paradoxe encore, Lucas est vénéré par une immense communauté de fans, dont il va progressivement s'attirer les foudres à force de retravailler sans cesse ses anciens films ou de prendre des nouvelles directions loin de faire l'unanimité.
L'indépendance à tout prix
Brian Jay Jones explique bien en quoi ces paradoxes n'en sont pas. Timide, taiseux, asocial, George Lucas n'en est pas moins doté d'un caractère inflexible. Il est sûr de son talent (reconnu par ses pairs à USC) et bataille pour imposer sa vision, souvent face aux financiers et producteurs des studios. D'où sa haine d'Hollywood, sa recherche d'indépendance, son exigence de tous les instants. Le succès de sa trilogie intergalactique, et des trois épisodes suivants (enfin, qui la précéderont), ainsi que les sommes considérables récoltées grâce aux produits dérivés, George Lucas s'en servira pour financer ses films et construire le Skywalker Ranch, un immense domaine ouvert aux cinéastes. Il continuera de produire des films d'autres réalisateurs qui se planteront au box-office. Sans chercher forcément à gagner de l'argent. Il a d'ailleurs toujours été généreux avec ses proches collaborateurs et ses anciens potes de fac.
Bien que cette biographie soit "non autorisée", l'auteur a abattu un sacré boulot, rassemblant une somme de documents et recueillant les propos de certains proches et collaborateurs du père de Star Wars. Résultat : plus de 500 pages où chaque info renvoie à une source, sans pour autant que l'ouvrage ne tombe dans une thèse austère, bien au contraire. On dévore l'ouvrage dans lequel on découvre les rapports très forts que Lucas a entretenus avec Coppola ainsi que l'amitié mêlée de respect et de jalousie qui le lie à Spielberg. Brian Jay Jones lève également un voile sur la vie personnelle de Lucas, qui a longtemps négligé sa famille pour se consacrer entièrement à son oeuvre... avant de se rattraper depuis.
Même si George Lucas m'a parfois décontenancé (quel besoin de remodeler constamment ses films !), je dois dire que je n'ai jamais fait partie de ceux qui l'ont aujourd'hui diabolisé, l'accusant d'avoir cassé lui-même son jouet. Et cet ouvrage me le fait aimer davantage, avec ses défauts (que l'auteur n'occulte pas) certes mais qui s'avèrent être le côté obscur de son génie. Respect à toi, George, il t'en aura fallu du travail, du talent, de la force de caractère pour imposer ta vision et nous offrir cet immortel cadeau cinématographique qu'est Star Wars. George Lucas Une vie, que publie Hachette Heroes, mérite sa place sous votre sapin.
Anderton
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