En DVD et Blu-ray : C'est aujourd'hui que StudioCanal commercialise les quatre premiers titres de sa nouvelle collection vidéo, Make My Day! Tel l'inspecteur Harry, Jean-Baptiste Thoret, sélectionneur en chef, dégaine des pépites oubliées ou méconnues pour "faire la journée" (et la nuit) des cinéphiles dans des combos Blu-ray & DVD.
Critique de cinéma devenu réalisateur (We Blew it), spécialiste du cinéma américain, Thoret a non seulement un goût sûr mais il sait parler des films et captiver son auditoire, sans tomber dans les débats théoriques ou les querelles de chapelle. Pour cette première salve, il a puisé dans la catalogue de Canal quatre titres très différents, inattendus. Disponible pour la première fois en Blu-ray, chaque film est précédé par une courte préface de Thoret et complété par un bonus inédit :
Near Dark / Aux frontières de l'aube (1987) de Kathryn Bigelow
Pour son deuxième film - mais le premier en solo -, Kathryn Bigelow revisite le film de vampire. Enfin, elle le réinvente, laissant de côté ses oripeaux gothiques (l'ail, le crucifix, la charge érotique...) pour l'affubler d'un Stetson. Direction le Texas, où un jeune cowboy en mord pour une belle étrangère. Mais c'est elle qui lui saute au cou et le transforme à son tour en suceur de sang. Il rejoint alors la troupe de vampires à laquelle elle appartient.
Bigelow s'entoure des collaborateurs de James Cameron : Adam Greenberg, directeur de la photo sur Terminator, rend la nuit attractive tandis que le trio d'acteurs issus d'Aliens (Bill Paxton, Lance Henriksen et Jenette Goldstein) campe une bande d'outlaws anars et sauvages. Dans le rôle du cowboy "converti" : Adrian Pasdar (Profit, Heroes) ! Tout en explorant les manifestations de l'addiction (un thème récurrent dans son oeuvre, comme le pointe Thoret), la réalisatrice signe un film presque sombre (Near Dark), aux scènes d'action marquantes, sous l'influence de Sam Peckinpah. There's a new sheriff in town !
En bonus : une interview inédite de Kathryn Bigelow, qui reste concentrée malgré les problèmes de son et de lumière ; et un doc sur le making of du film.
Sans mobile apparent (1971) de Philippe Labro
Pour son deuxième film de cinéma, Philippe Labro choisit d'adapter un roman d'Ed McBain. L'histoire de quatre assassinats sans mobile apparent dans une petite ville californienne est transposée à Nice. Dans le rôle du flic chargé de l'enquête, Jean-Louis Trintignant. Dès le premier plan, sans un mot, rien qu'avec sa posture, il dit tout de son personnage, indépendant, insolent, imprévisible. Et le spectateur est captivé ! Magnifique prestation auxquelles répondent celles d'un formidable casting : Dominique Sanda, Jean-Pierre Marielle (étonnant), Stéphane Audran, Laura Antonelli, Paul Crauchet, Carla Gravina, André Falcon. Même Sacha Distel est bon dans le rôle d'un animateur télé désabusé.
La mise en scène de Labro souffre par moments de maladresses (les personnes assassinées qui se tiennent le front, c'est pas possible !) et d'insuffisances techniques (le beau travelling aérien du début est gâché par une caméra prise de spasmes) mais il y a aussi de belles idées, et surtout l'ambition louable de s'inscrire dans un cinéma plus proche d'Hollywood que de Joinville-le-Pont (encore que je n'ai rien contre ce cinéma français-là). D'où un film qui accompagne le spectateur bien après le générique de fin, tout comme la musique signée, excusez du peu, Ennio Morricone. En complément, cette édition nous offre un long et passionnant entretien avec Philippe Labro, qui revient sur le tournage avec beaucoup de franchise, reconnaissant ses erreurs comme ses satisfactions. Il évoque également les conseils parfois peu judicieux (pour la direction d'acteurs), parfois précieux (pour la mise en scène) que lui prodigait par téléphone son mentor Jean-Pierre Melville tout le long du tournage.
Max mon amour (1986) de Nagisha Oshima
Bénéficiant d'une nouvelle restauration, ce film a pour sujet un adultère. Mais pas n'importe lequel : Margaret Jones (Charlotte Rampling) trompe son mari avec... un chimpanzé. Scandale sur la Croisette, où le film a été présenté en compétition.
Six femmes pour l'assassin (1964) de Mario Bava
Un tueur sans visage assassine des mannequins. A Rome, la vie n'est plus douce mais sanglante ! Bava signe le film fondateur d'un genre : le giallo.
Bravo à StudioCanal pour cette belle initiative. Et, paraphrasant le titre du film coréalisé par Richard Fleischer, Kinji Fukasaku et Toshio Masuda, je m'écrie : "Thoret ! Thoret ! Thoret !"
(ça faisait longtemps que je voulais la placer celle-là)
(ça faisait longtemps que je voulais la placer celle-là)
Anderton
1 commentaire:
La charge érotique est énorme, dans Near Dark...
Le changement de contexte "gothique"/ bouseux favorise une immédiateté imparable.
Les meurtres, dans le Bava, bien qu'admirablement mis en scène pour le plaisir du spectateur, sont autrement plus réalistes que ce qui se faisait à l'écran à la même époque: je le souligne pour affirmer que Mario Bava n'était pas qu'un styliste envapé, il y a du réalisme (la lutte des victimes).
Merci pour l'article, ici.
Merci à Jean-Baptiste Thoret.
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