mardi 27 novembre 2018

Takeshi Kitano : trois Blu-rays immanquables

En DVD et Blu-ray : Même si Takeshi Kitano sort un film quasiment tous les deux ans depuis 1989, sa carrière aujourd'hui ne bénéficie pas de la même visibilité que dans les années 90. A cette époque, "Beat" Takeshi enchaîne alors des longs-métrages qui frappent le spectateur autant au coeur qu'au plexus. Trois d'entre eux sortent enfin en Blu-ray à l'initiative de Wild Side : Violent cop (1989), Jugatsu (1990) et Sonatine (1993). Trois claques !


Kitano, c'est avant tout une gueule. Son visage impassible ressemble à un roc taillé au sabre et poli par le temps. Sous un large front, deux yeux noirs qui transpercent et un rictus permanent qu'illumine parfois un sourire aussi fugace qu'inattendu. Kitano, c'est aussi une démarche lourde, traînante mais obstinée. C'est enfin une attitude, un détachement total en même temps qu'un défi lancé à la face de ses interlocuteurs. C'est une violence sourde, à peine contenue, qui ne demande qu'à exploser. J'ai toujours eu peine à croire que le bonhomme était un comique célèbre au Japon pour ses sketchs et ses émissions barrées. Comme pour beaucoup d'Occidentaux, Beat Takeshi a toujours été à mes yeux l'incarnation du cool et du danger. L'ultime bad boy.


Cette dégaine lui permet d'interpréter des flics (Violent cop) comme des yakuzas (Jugatsu, Sonatine), dans les deux cas rétifs à toute forme d'autorité ou de contrainte. Des rebelles, des têtes brûlées, des kamikazes. Pour autant, ce ne sont pas seulement des brutes : les personnages sont révoltés par des injustices et cachent des blessures profondes. Ils agissent en conséquence, avec une froide détermination. Leur économie de gestes et de paroles laisse alors place à des éclats de violence totale.

Dans les trois films édités par Wild Side, respectivement ses premier, deuxième et quatrième long-métrages en tant que cinéaste, Kitano affiche d'emblée son ambition et pose son univers. Il dépeint un Japon des quartiers populaires où les habitants vivent sous la coupe d'une mafia omniprésente et omnipotente. Les yakuzas agissent en toute impunité. Même dans Violent cop, la police en tant qu'institution est totalement absente. La communauté représente autant un salut qu'une aliénation. Si la violence est extrême, c'est qu'elle est avant tout libératrice pour celui qui y recourt.


Sur cet environnement bien sombre, Takeshi Kitano porte un regard lumineux, empreint de poésie et d'humour, jusque dans les scènes les plus violentes. La grâce et la pureté qui se dégagent de ses plans restent gravés dans la mémoire du spectateur. De son remarquable travail sur la lumière et le son, naissent des ambiances tantôt apaisantes, tantôt lourdes de tension au sein desquelles la violence jaillit sans prévenir. Kitano sait créer la surprise par son art subtil du champ et du contre-champ. Sa maîtrise de la mise en scène, dès son premier film, est impressionnante.


Chaque Blu-ray et DVD contient un entretien avec Benjamin Thomas, spécialiste de Kitano, qui éclaire son oeuvre avec beaucoup de pertinence. Alors, forcément, maintenant, vous allez vous demander quelle galette acheter. Je serai direct : prenez les trois ! Ces films sont des perles. Et en plus, les jaquettes sont superbes.

Anderton

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