lundi 26 novembre 2018

Roulez jeunesse : bien plus qu'une comédie

En DVD et Blu-ray (le 28 novembre) : Il y a méprise sur le premier film de Julien Guetta. Une méprise entretenue par son titre, son comédien principal et sa bande-annonce : Roulez jeunesse, avec Eric Judor, n'est pas une comédie française fun et sympa. C'est bien plus que cela. 



Alex est un fils à maman. Il vit chez sa mère et travaille pour sa mère. Laquelle gère avec poigne un garage. Lors d'un dépannage, Alex raccompagne une femme chez elle. Elle lui propose une nuit d'amour mais tout ne se passe pas comme annoncé. Le lendemain matin, Alex se réveille tout seul dans la maison. Ou presque : il se retrouve face à un garçon turbulent, puis un bébé affamé avant l'arrivée d'une ado rebelle. 

Ce n'est pas Trois hommes et un couffin mais trois gamins et un adulescent. Car à trop rester dans le giron de sa maman, Alex est loin d'être un adulte responsable. Ce qui donne lieu à des confrontations savoureuses, d'autant que les mômes sont des petites teignes qui en font voir à Alex de toutes les couleurs. Et je dois dire que la bande-annonce m'avait bien fait marrer.


Mais le premier film de Julien Guetta, qui a également cosigné le scénario, n'a rien d'un Very Bad Trip made in France. La comédie sort de sa route toute tracée vers des situations trash et des dialogues cash pour emprunter un chemin de traverse, où l'émotion prend le pas sur le rire. Dans sa quête de la mère disparue, Alex découvre le secret du trio infernal. Une réalité qui frappe de plein fouet le dépanneur comme le spectateur. Les gorges se serrent, sans que l'humour disparaisse complètement. Julien Guetta trouve le juste milieu, en évitant le pathos comme les rires gras.

Une nouvelle facette de Judor 

Justesse également d'Eric Judor qui dévoile une nouvelle facette de son talent. Toujours aussi drôle, il s'avère sensible et émouvant. Ce grand gamin révèle ses failles et la relation complexe qu'il entretient avec sa mère. Celle-ci est jouée par Brigitte Roüan qui lui donne une force de façade. Laure Calamy est parfaite en assistante sociale pas que revancharde (on ne vous dit pas pourquoi) alors que Déborah Lukumuena (Divines et bientôt Les Invisibles) joue une petite amie vénère. Et puis, il y a Philippe Duquesne, toujours impeccable, même dans un petit rôle.

La réussite du film tient aussi à sa photo lumineuse, signée Benjamin Roux, et sa bande-son léchée. Mêmes soins apportés aux décors. Pour son premier long-métrage, Julien Guetta a touché juste. Le Blu-ray, édité par Le Pacte, propose d'ailleurs un entretien avec le jeune réalisateur, qui évoque son parcours et revient sur l'ambition de Roulez jeunesse. Mais outre des scènes coupées, le supplément génial, c'est un court-métrage de Guetta datant de 2015. Intitulé Lana del Roy, il nous fait pénétrer dans l'intimité d'un ado, qui vit seul avec son père et découvre le passé de sa nouvelle "belle-mère". Et c'est là qu'on voit la grande maturité de Guetta, qui montre tout son savoir-faire dans le domaine de la comédie "sociale", à l'italienne. Il s'intéresse aux milieux populaires, pas toujours bien représentés au cinéma, quand ils ne sont pas caricaturés. Mais surtout il sait dépeindre avec justesse la complexité des liens familiaux. Julien Guetta est un réalisateur à suivre et Roulez jeunesse un film à voir.

Anderton

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