jeudi 8 novembre 2018

Midnight Run : la comédie d'action à redécouvrir

EN DVD et Blu-ray : Il était une fois une comédie d'action qui était à la fois buddy movie et road trip movie, avec Robert De Niro dans un registre rare et le réalisateur du Flic de Beverly Hills derrière la caméra. Cette pépite s'appelle Midnight Run. Si elle n'a pas marqué le public autant qu'elle aurait dû, c'est qu'elle est sortie aux States en juillet 1988, une semaine après... Piège de cristal (Die Hard). Heureusement, pour son 30e anniversaire, Elephant Films propose Midnight Run en combo Blu-ray / DVD dans un nouveau master restauré.



J'ai beaucoup d'affection pour Midnight Run. D'abord parce que je l'ai découvert dans un cinéma de Los Angeles, en 1988. Quelques jours après avoir également vu Die Hard, Un Prince à New-York et Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Forcément, ça marque. Au-delà de ces souvenirs tout personnels, le film réalisé par Martin Brest m'avait séduit par ses acteurs, son rythme, son humour. Et en le revoyant en vidéo, je constate qu'il n'a rien perdu de ses qualités.

L'histoire est celle de Jack Walsh, un ancien flic de Chicago reconverti en chasseur de primes car il a refusé un pot-de-vin d'un mafieux, Jimmy Serrano. Son nouveau contrat lui impose d'amener à Los Angeles Jonathan Mardukas, l'ancien comptable de Serrano, qui a détourné des fonds du parrain pour en faire don à des oeuvres de charité. Jack doit faire le boulot en moins de cinq jours s'il veut toucher sa prime, celle qui lui permettra de quitter ce job qu'il abhorre. Jack est bon : il met rapidement la main sur Mardukas, qui était planqué à New York. Problème : le FBI veut récupérer le comptable pour le faire parler, et des hommes de Serrano veulent en faire autant pour qu'il se taise à jamais. Pour couronner le tout, un autre chasseur de primes est sur le coup. Mais Jack tient à toucher sa prime. Commence alors une traversée mouvementée des Etats-Unis. Et Mardukas se révèle être un chieur de première.




Planes, trains and automobiles aurait pu être le titre du film mais John Hugues l'avait utilisé un an plus tôt pour son film baptisé en français Un ticket pour deux. Car cette odyssée à travers le pays emprunte tous les moyens de locomotion. Il y a des carambolages qui rappellent Les Blues Brothers, une course-poursuite entre une voiture et un hélicoptère digne d'un James Bond, mais aussi des fusillades, des engueulades et beaucoup de scènes très drôles. George Gallo a signé un scénar plein de rebondissements que Martin Brest a mis en scène avec beaucoup de rythme. Le score de Danny Elfman, qui oscille entre le rock, le blues et la country, accompagne parfaitement cet élan. En évitant une musique trop marquée 80's, il contribue à faire passer au film l'épreuve du temps.

Bob, Charles et les autres

Qu'il est bon, De Niro, dans le rôle de Walsh. Tout mince, avec une veste en cuir, il fume clope sur clope en tripotant sa montre. Petit sourire en prime. Une bonne dose de sarcasme et de rage prêts à jaillir, accompagnés de quelques "fucks" bien sentis. Bobby a défini son personnage aussi bien physiquement que par son jeu alerte. On aurait adoré retrouver Walsh dans une suite... Et puis son association avec Charles Grodin (Beethoven) fait des étincelles. Grodin, tout en retenue, qui rend Mardukas éminemment sympathique et profondément horripilant. Son regard de cocker triste à qui on ne la fait pas suffit à nous faire marrer. Et De Niro excelle à jouer l'énervement. 

Et puis il y a une galerie de seconds rôles hauts en couleurs. Dans le rôle du patron du FBI : Yaphet Kotto (Vivre et laisser mourir, Alien), qui le joue sérieux et roulant des mécaniques alors qu'il enchaîne plantage sur plantage. Chacune de ses apparitions fait marrer avant qu'il ait dit le moindre mot. John Ashton (l'un des policiers qui collent au baskets de Foley dans Le Flic de Beverly Hills) est tout aussi drôle dans le rôle du chasseur de primes trop sûr de lui et dont on sait qu'il va systématiquement se faire avoir. Dennis Farina (Get Shorty) est un parrain convaincant tandis que Joe Pantaliano (Matrix, Les Goonies, Les Soprano) est excellent en employeur stressé et roublard de Walsh.

On reconnait également Robert Miranda (Les Incorruptibles, Sister Act), Jack Kehoe (L'Arnaque, Les Incorruptibles), Philip Baker Hall (Magnolia, un agent de sécurité de bibliothèque dans un épisode de Seinfeld) et Tracey Walter (Batman, Le Silence des agneaux) dans des rôles plus ou moins développés mais toujours savoureux.

Bref, cette course de minuit (Midnight Run signifie prendre la tangente sans demander son reste) est un bonheur total, que l'on apprécie grâce à ce beau master restauré. En bonus, Elephant Films propose notamment un making of d'époque ainsi qu'un petit documentaire sympa qui revient sur le film et dans lequel le critique se demande si le scénariste ne s'est pas inspiré d'un album de Benoît Brisefer !

Anderton

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