En DVD et Blu-ray : A moins d'un mois de la cérémonie des Oscars 2019, Universal Pictures France sort en vidéo BlacKkKlansman: j'ai infiltré le Ku Klux Klan, qui cumule 7 nominations, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur. L'occasion de découvrir ou revoir l'oeuvre coup de poing levé de Spike Lee.
Elle est incroyable, cette histoire de policier noir qui infiltre le KKK. Impensable même, si elle était sortie de la tête d'un scénariste. Elle est pourtant vraie et l'officier en question, Ron Stallworth, l'a vécue dans les années 70 et racontée dans un livre publié en 2014. Un sujet en or pour Spike Lee à qui le projet est proposé par Jordan Peele et Jason Blum (de BlumHouse), deux des coproducteurs. Et comme à son habitude, Spike Lee prend le récit à coeur et à corps pour livrer une analyse pointue de la société américaine et de la question raciale. Sans jamais perdre de vue qu'il réalise un film de divertissement. Car, comme souvent lorsqu'il aborde des sujets graves, le cinéaste refuse le pathos à tout prix : il alterne humour, émotion et réflexion, et cueille le spectateur dont la gorge se noue ou laisse échapper un rire franc.
Spike Lee a parfois été accusé de parti pris communautariste, aux Etats-Unis plus qu'en Europe d'ailleurs. C'est mal connaître sa filmographie. Bien sûr qu'il connaît parfaitement la communauté afro-américaine. Il en filme comme personne les souffrances et la longue lutte pour le respect et l'émancipation, mais il n'oublie pas d'en montrer les joies tout autant que les débats internes, voire les incohérences. Et ce, avec beaucoup de recul et d'autodérision. C'est également le cas dans BlacKkKlansman et c'est ce qui fait toute la force du film. Evidemment, il aborde le racisme sans détour, pointant du doigt les propos et comportements inacceptables de ceux qui affichent ouvertement leur haine. Il met également en lumière les préjugés, l'ignorance et les petites lâchetés de Monsieur Tout-le-monde. Même les cinéphiles sont appelés à l'introspection lors de la séquence où les membres du Klan projettent Naissance d'un nation (D.W. Griffith, 1915) : l'Amérique, comme son cinéma, est marquée dès sa naissance par l'infamie du racisme. Une démarche qui peut "piquer" un peu mais qui est salutaire car, en fin de compte, Spike Lee cherche à unir les Américains plutôt qu'à les diviser. A l'image des flics, noirs et blancs, engagés à combattre le racisme du Ku Klux Klan tout autant que celui de certains de leurs collègues.
Visages de l'Amérique
Autre constance chez Spike Lee : ne jamais priver les personnages de leur humanité. Même le pire des salauds est "incarné". Ce n'est jamais une figure symbolique. A la plongée nauséeuse chez les white trash, répondent ces visages beaux et graves de noirs américains qui se succèdent à l'écran ou ce témoignage bouleversant de Harry Belafonte sur un lynchage, photos à l'appui. Ne jamais oublier que les victimes sont des hommes et des femmes, ne jamais oublier que la colère et le combat sont nés d'injustices intolérables. Et pour incarner ces personnages, Spike Lee a une fois de plus réunit un bon casting. Dans le rôle de Stallworth, John David Washington, le fils de Denzel Washington, fait preuve d'une maturité et d'un charisme qui présagent d'une longue et belle carrière. Adam Driver interprète son collègue Zimmerman, qui accepte de se jeter dans la gueule du loup, tandis que Topher Grace campe le glaçant Grand Wizard du KKK, David Duke. Laura Harrier (Spider-Man Homecoming) apporte pour sa part de la fraîcheur et de la force à son personnage de la militante Patrice Dumas. Flics, activistes ou klanistes, les seconds rôles sont tous très bons.
Quant à la mise en scène de Spike Lee, elle est peut-être un peu moins flamboyante que dans ses précédents films mais elle est reste inspirée et maîtrisée - on souhaite à beaucoup de réalisateurs de pouvoir proposer un traitement aussi inventif que celui de BlacKkKlansman. Sur la belle musique mélancolique composée par Terrence Blanchard, le cinéaste signe une comédie dramatique, à la fois hommage aux polars engagés des années 70 et réflexion sans concession sur le mal qui ronge les Etats-Unis et au-delà, nos démocraties. Après nous avoir fait passer par toute une série d'émotions, Spike Lee nous plonge dans l'horreur de la réalité présente. Quel cinéaste ! Le grand prix du jury à Cannes est amplement mérité, l'Oscar du meilleur réalisateur (la première nomination de sa carrière !!) ne serait pas volé.
L'édition vidéo comprend en plus du film un petit making of et une bande-annonce version longue sur la chanson Mary Don't You Weep, interprétée par Prince. On aurait aimé davantage de bonus montrant la réception du film au Festival de Cannes 2018 ou permettant à Spike Lee de s'exprimer. Mais on ne va pas se plaindre non plus, ce grand film justifie à lui seul de ranger le Blu-ray dans votre vidéothèque.
Spike Lee a parfois été accusé de parti pris communautariste, aux Etats-Unis plus qu'en Europe d'ailleurs. C'est mal connaître sa filmographie. Bien sûr qu'il connaît parfaitement la communauté afro-américaine. Il en filme comme personne les souffrances et la longue lutte pour le respect et l'émancipation, mais il n'oublie pas d'en montrer les joies tout autant que les débats internes, voire les incohérences. Et ce, avec beaucoup de recul et d'autodérision. C'est également le cas dans BlacKkKlansman et c'est ce qui fait toute la force du film. Evidemment, il aborde le racisme sans détour, pointant du doigt les propos et comportements inacceptables de ceux qui affichent ouvertement leur haine. Il met également en lumière les préjugés, l'ignorance et les petites lâchetés de Monsieur Tout-le-monde. Même les cinéphiles sont appelés à l'introspection lors de la séquence où les membres du Klan projettent Naissance d'un nation (D.W. Griffith, 1915) : l'Amérique, comme son cinéma, est marquée dès sa naissance par l'infamie du racisme. Une démarche qui peut "piquer" un peu mais qui est salutaire car, en fin de compte, Spike Lee cherche à unir les Américains plutôt qu'à les diviser. A l'image des flics, noirs et blancs, engagés à combattre le racisme du Ku Klux Klan tout autant que celui de certains de leurs collègues.
Visages de l'Amérique
Autre constance chez Spike Lee : ne jamais priver les personnages de leur humanité. Même le pire des salauds est "incarné". Ce n'est jamais une figure symbolique. A la plongée nauséeuse chez les white trash, répondent ces visages beaux et graves de noirs américains qui se succèdent à l'écran ou ce témoignage bouleversant de Harry Belafonte sur un lynchage, photos à l'appui. Ne jamais oublier que les victimes sont des hommes et des femmes, ne jamais oublier que la colère et le combat sont nés d'injustices intolérables. Et pour incarner ces personnages, Spike Lee a une fois de plus réunit un bon casting. Dans le rôle de Stallworth, John David Washington, le fils de Denzel Washington, fait preuve d'une maturité et d'un charisme qui présagent d'une longue et belle carrière. Adam Driver interprète son collègue Zimmerman, qui accepte de se jeter dans la gueule du loup, tandis que Topher Grace campe le glaçant Grand Wizard du KKK, David Duke. Laura Harrier (Spider-Man Homecoming) apporte pour sa part de la fraîcheur et de la force à son personnage de la militante Patrice Dumas. Flics, activistes ou klanistes, les seconds rôles sont tous très bons.
Quant à la mise en scène de Spike Lee, elle est peut-être un peu moins flamboyante que dans ses précédents films mais elle est reste inspirée et maîtrisée - on souhaite à beaucoup de réalisateurs de pouvoir proposer un traitement aussi inventif que celui de BlacKkKlansman. Sur la belle musique mélancolique composée par Terrence Blanchard, le cinéaste signe une comédie dramatique, à la fois hommage aux polars engagés des années 70 et réflexion sans concession sur le mal qui ronge les Etats-Unis et au-delà, nos démocraties. Après nous avoir fait passer par toute une série d'émotions, Spike Lee nous plonge dans l'horreur de la réalité présente. Quel cinéaste ! Le grand prix du jury à Cannes est amplement mérité, l'Oscar du meilleur réalisateur (la première nomination de sa carrière !!) ne serait pas volé.
L'édition vidéo comprend en plus du film un petit making of et une bande-annonce version longue sur la chanson Mary Don't You Weep, interprétée par Prince. On aurait aimé davantage de bonus montrant la réception du film au Festival de Cannes 2018 ou permettant à Spike Lee de s'exprimer. Mais on ne va pas se plaindre non plus, ce grand film justifie à lui seul de ranger le Blu-ray dans votre vidéothèque.
Anderton
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