Le père Noël a deux lutins, HK Video et Metropolitan Film & Video, qui ont concocté un sacré beau cadeau pour les amateurs de cinéma : un méga coffret collector d'A toute épreuve (Hard Boiled, 1992), le dernier film tourné à Hong Kong par John Woo avant son départ pour Hollywood. Au menu : de l'action survitaminée à laquelle prennent par Chow Yun-Fat et Tony Leung. Vous n'êtes pas prêts !
Poison, invasion, fusillades
Et le reste de l'histoire ? Elle connaît un coup d'arrêt quand le scénariste, Barry Wong, en vacances en Allemagne, décède d'une crise cardiaque. Le script sera terminé par Gordon Chan. L'idée de départ a bien évolué ; John Woo avait été marqué par un fait-divers sordide : au Japon, un homme avait empoisonné des petits pots pour bébés, provoquant la mort de plusieurs enfants. Il songe à Tony Leung pour l'incarner mais très vite, son entourage lui fait comprendre qu'il est impossible de confier à cet acteur populaire un rôle aussi ignoble. Son autre inspiration : l'invasion du Koweït par l'Irak. Il tient à montrer comment des gens du peuple se retrouvent à tenter de survivre au milieu de l'enfer.
Au début des années 1990, l'ambiance à Hong Kong est alors tendue : les gangsters ont importé des milliers d'armes dont ils se servent pour se combattre ou s'en prendre aux forces de l'ordre. Des fusillades éclatent régulièrement dans les rues. C'est ce contexte que l'on découvre dans A toute épreuve : un inspecteur de police tente d'arrêter le boss d'une triade qui étend son emprise dans un déluge de violence. Sur son chemin, se dresse un tueur impitoyable.
Comme John Woo le concède lui-même, il était un homme très en colère à l'époque. Toutes ces histoires terribles évoquées plus haut le mettaient en rage. Sa mise en scène s'en ressent. De même que sa volonté de toujours aller plus loin dans la conception de séquences spectaculaires. Il demande beaucoup à ses cascadeurs ainsi qu'à ses acteurs : Tony Leung manque de perdre un oeil pendant le tournage, Chow Yun-Fat sent les flammes des explosions lui lécher les côtes...
Die Hard à l'hôpital
Résultat : trois grandes séquences d'action rythment le film, avec un final grandiose dans un hôpital, marqué par un impressionnant plan séquence. Les influences du metteur en scène : Sam Peckinpah pour son usage du ralenti, Vincente Minnelli et Jacques Demy pour leur manière de filmer les corps en mouvement, Inspecteur Harry et Piège de Cristal. Le film de John McTiernan a redéfini le film d'action. Tout le monde veut faire son Die Hard... sur un bateau, dans un train... Pour la production, ce sera Die Hard à l'hôpital, en référence à la séquence d'action finale. Le titre en anglais, Hard-Boiled, est plus qu'explicite.
John Woo démontre sa maestria à rendre lisibles des scènes pleines de chaos et de fureur, mais aussi à filmer des scènes plus intimistes, parfois même drôles. Il peut dans les deux situations s'appuyer sur des acteurs solides : Chow Yun-Fat incarne le cool absolu tandis que Tony Leung fait jaillir l'émotion en un quart de seconde, tout en sobriété. Teresa Mo apporte une fantaisie bienvenue, Philip Kwok (également cascadeur) prête sa "gueule" à un implacable méchant.
Le coffret inclut le film en UHD et Blu-ray remasterisé 4K ainsi qu'un Blu-ray de suppléments, un livret de 20 pages, la reproduction de l’affiche dédicacée par le réalisateur et de cinq photos d’exploitation. Plus de cinq heures de bonus ! Certains datant du début des années 2000, d'autres inédits : des entretiens avec John Woo, Tony Leung, le scénariste, le producteur, le compositeur ; des analyses passionnantes de Christophe Gans et Nicolas Saada... Bref, vous l'avez compris, c'est l'écrin ultime pour un film culte qui garde toute sa rage.
Anderton

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