lundi 22 décembre 2025

La Nuit du Chasseur : un sombre conte de Noël dans un écrin de métal

La Nuit du chasseur 4K UHD Blu-ray steelbox CINEBLOGYWOOD

C'est un diamant noir, une météorite dans l'histoire du cinéma : pour son premier et unique film en tant que réalisateur, le comédien Charles Laughton a réalisé un chef-d'oeuvre. La Nuit du Chasseur (The Night of the Hunter, 1955) ressort chez Wildside dans une édition collector steelbox en combo 4K Ultra haute définition et Blu-ray. La période idéale pour (re)découvrir ce sombre conte de Noël.


Il était une fois en Amérique, pendant la Grande dépression, un pasteur qui parcourait les campagnes en chantant un gospel de sa belle voix de baryton. Sur son chemin, il assassinait des femmes, créatures impures qui lui inspiraient le dégoût. Sur ses phalanges, deux mots tatoués : HATE à gauche ; LOVE à droite. Incarcéré pour un délit mineur, il apprit qu'un codétenu avait dérobé 10.000 dollars et les avait cachés dans son foyer. Une fois libre, le "pasteur" Harry Powell se rendit auprès de la famille du codétenu, bien décidé à mettre la main sur le magot. La mère naïve se laissait embobiner mais l'aîné des deux enfants lui tenait tête, soucieux de respecter la promesse faite à son père de ne pas révéler la cachette du butin.

Film fantastique, noir, d'épouvante, thriller, western... La Nuit du Chasseur résiste à toute classification. Célèbre pour ses interprétations de personnages hautains ou veules auquel il prête son physique ingrat (La Vie privée d'Henry VIII, Les Misérables, Notre-Dame de Paris, Les Révoltés du Bounty), Charles Laughton réalise un conte à la morale aussi tranchée que le somptueux noir et blanc qui habille le film. L'influence de l'expressionnisme se retrouve autant dans l'utilisation de la lumière que dans le cadrage et les décors. L'horreur coexiste avec la poésie, le naturalisme avec la stylisation. Associations improbables et pourtant, le récit avance sur cette crête sans jamais faillir. Pas étonnant que cette oeuvre unique ait inspiré Tim Burton, Guillermo Del Toro et Spike Lee.

L'ogre Mitchum

Robert Mitchum incarne un ogre, n'hésitant pas à pousser son jeu dans l'outrance. Damien Ziegler, dans une passionnante analyse du film proposée en bonus, le compare très justement à un méchant de dessin animé. Dans un autre supplément, un extrait d'interview accordée à la TV française, le comédien explique même avoir voulu rendre Powell encore plus méchant mais Laughton avait refusé, craignant de s'aliéner le public. Public qui ne s'est suffisamment pas déplacé au cinéma, mettant fin à la carrière de Laughton derrière la caméra. Pour autant, Mitchum évite le ridicule, maintenant toujours son personnage dans un comportement impossible à déchiffrer, ce qui le rend d'autant plus inquiétant et dangereux. Face à lui, Shelley Winters interprète une bien naïve mère de famille tandis que le personnage joué par Lillian Gish fait montre de tout son caractère et de toute sa droiture. Le jeune Billy Chapin est formidable dans le rôle du fils qui a percé à jour Harry Powell tandis que son père revêt les traits de Peter Graves (Mission Impossible, Y a-t-il un pilote dans l'avion ?).  

Le film de Laughton, qui était aussi célèbre pour ses lectures de la Bible à la radio ou dans des disques, est traversé par un combat, celui du bien contre le mal, et imprégné d'une religiosité, parfois sincère, parfois détournée, parfois viciée. 70 ans après sa sortie en salle, La Nuit du Chasseur a gardé toute sa force et son éclat.

Anderton


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