En DVD et Blu-ray : Deux nouveautés en versions HD restaurées complètent la belle collection Akira Kurosawa Les années Toho, éditée par Wild Side. A savoir Yojimbo et sa suite, Sanjuro, avec le grand Toshiro Mifune dans le rôle d'un ronin roublard qui combat l'injustice.
Dans Yojimbo (dont le titre français est Le Garde du corps, 1961), nous découvrons Sanjuro, un samouraï errant, sans le sou, qui ressemble davantage à un vagabond qu'à un maître de guerre. Il arrive dans un village où deux clans se livrent une guerre permanente, qui terrorise les habitants. Il décide de mettre fin à ce conflit en s'alliant à tour de rôle à chaque clan. Dans Sanjuro (1962), le ronin se mêle une fois de plus de ce qui ne le regarde pas en prêtant main forte à un groupe de jeunes hommes décidés à délivrer un chambellan capturé par un vassal corrompu.
Once upon a time in the Far East
Voici donc deux films historiques (jidaigeki), deux films de sabre (chanbara), qui évoquent autant le western que le polar. Et qui inspireront à leur tour des remakes, notamment Pour un poignée de dollars (1964) de Sergio Leone. Dans Yojimbo, le samouraï a tout du cowboy solitaire qui débarque en ville. La rue principale déserte battue par le vent, où se retrouvent et s'affrontent les protagonistes, est digne d'un décor de western. Quant à la dérouillée que se prend Sanjuro, elle rappelle celles subies par des détectives un peu trop curieux dans nombre de films noirs hollywoodiens. Si Yojimbo est caractérisé par sa noirceur, sa suite est plus légère, plus poétique. L'humour y est davantage marqué. Dans les deux cas, les scènes de combat sont spectaculaires (avec à chaque fois un final incroyable), et même très "graphiques", comme disent les Américains.
Ce combat, où Sanjuro coupe le bras d'un adversaire (4:20), a forcément inspiré George Lucas, grand admirateur de Kurosawa, qui a reproduit le même plan dans Star Wars Un Nouvel Espoir (1977), dans la séquence à la cantina de Mos Eisley. Lucas avait d'ailleurs envisagé un temps de confier le rôle d'Obi Wan Kenobi à Toshiro Mifune.
Sublime photo signée Kazuo Miyagawa pour Yojimbo. Kurosawa réalise un film noir, à la limite du fantastique. La composition des plans, magnifique, reste gravée à jamais dans la mémoire. Sanjuro est moins sombre, moins "élaboré" aussi mais la mise en scène est tout autant inspirée. C'est un plaisir pour les yeux. Et la restauration fait honneur au travail du cinéaste.
Toshiro Mifune livre une prestation hypnotisante - évidemment, ai-je envie d'ajouter. Il campe un type bourru, rustre, cynique, porté sur le saké. Rusé, aussi. Animal... Cette façon qu'il a de se gratter le menton ou la nuque en grimaçant, le bras qui sort par l'ouverture de son vêtement... Et pourtant, il dégage une espèce de bonté revêche. Et quand il dégaine son sabre, le vagabond devient un guerrier implacable. Au geste précis. Face à lui, dans les deux films, Tatsuya Nakadai incarne un méchant cruel, retors, sans honneur. Un antipathique. Un salaud.
Chaque coffret intègre un livret et des bonus passionnants (entretien avec un spécialiste, documentaire nippon) qui reviennent sur les œuvres, leur production mais aussi leur résonnance avec le Japon d'alors. Encore deux volumes de cette belle collection à ajouter dans votre vidéothèque.
Anderton
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire