En DVD et Blu-ray : En cette semaine de reprise (des cours, du boulot mais pas du métro), Gaumont a la bonne idée de sortir en vidéo La Vie scolaire. Optimiste, frais et drôle, le film réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idir offre le parfait antidote au climat actuel.
C'est la rentrée dans un collège de ZEP dans le 9-3. Samia y fait ses premiers pas en tant que CPE - conseillère principale d'éducation. Débarquant de l'Ardèche, elle découvre un établissement coincé entre des tours et dont les élèves sont pour le moins turbulents. Certains sont même agressifs. Avec son équipe de la vie scolaire, Samia tente de faire respecter les règles tout en instaurant un dialogue, notamment avec Yanis, un élève dont elle perçoit le potentiel malgré l'insolence et le manque d'implication.
Comme Samia, le spectateur se retrouve propulsé au sein d'un collège "difficile", comme on dit. Les élèves parlent sans cesse, se vannent, vannent les profs, s'invectivent. Les adultes rament pour imposer leur autorité. Certains sont dépassés et le vivent mal ; d'autres savent moduler leur ton pour se faire entendre, n'hésitant pas user de réparties qui font mouche ; et puis il y a ceux qui fricotent un peu trop avec les ados. Bref, la matière principale, c'est le clash, avec l'insulte en première langue. Le respect, la politesse et les "bonnes manières" sont en options.
Enfin, c'est l'impression qu'on a au début du film. Mais progressivement, de ce chahut au bahut, se distinguent progressivement des petites voix dont on perçoit de mieux en mieux la mélodie, même si elles n'évitent pas les couacs. Une grande gueule se révèle bonne en maths, un rebelle laisse entrevoir une finesse qui ne demande qu'à se développer, un incorrigible retardataire dévoile tout son potentiel oratoire et imaginatif, un voleur de pommes cache un lourd secret... La voilà, la grande réussite du film, faire jaillir des catégories bien établies (les profs, les élèves, les pions) des individualités dont on découvre les talents, les failles mais aussi les défauts. Pas d'angélisme de la part du duo de réalisateurs : oui, il y a des têtes à claques, chez les élèves comme dans le corps enseignant. Oui, ils sont fatigants, ces mômes qui ne la ferment jamais. Oui, ils sont pénibles, ces éducateurs qui se plaignent tout le temps. Mais, à part quelques éléments qui semblent irrécupérables, les uns comme les autres nous émeuvent par leur humanité. Et on finit par être emballés par l'implication des encadrants comme par la vitalité des gamins.
Talents bruts
Talents bruts
Grand Corps Malade et Mehdi Idir refusent également toute approche misérabiliste. De la violence physique, au collège comme au pied des HLM environnants, il en est peu question. Parce que la banlieue, ce n'est pas forcément le Far West tel que le décrivent les médias à longueur de journée. Malgré la pauvreté, l'absence ou la démission des parents, l'abandon des pouvoirs publics, les quartiers sont animés par un dynamisme revigorant. Cette énergie brute, et quelquefois brutale, nous prend aux tripes et nous incite à nous débarrasser de nos préjugés. Quel potentiel mal exploité chez ces jeunes ! Quel engagement mal reconnu chez les éducateurs !
Et c'est le talent des comédiens qui nous rend ces personnages attachants. Zita Hanrot apporte douceur, bienveillance mais aussi droiture et fragilité à son personnage de Samia. Elle est formidable. Tout comme Soufiane Guerrab, excellent en prof de maths qui manie l'autorité et la répartie avec la même dextérité, et Antoine Reinartz, en prof d'histoire-géo largué et inadapté à cet environnement. Alban Ivanov est une fois de plus top dans le rôle du pion déconneur et filou, secondé par Moussa (très bon Moussa Mansaly aka Sams). Le jeune Liam Pierron révèle ses dons de comédien : il incarne Yanis avec beaucoup de nuances. On espère le revoir bientôt à l'écran. Tout comme le reste du casting (impayables profs de sport et de musique) et certains enfants, notamment Hocine Mokando (Farid le mytho).
Et c'est le talent des comédiens qui nous rend ces personnages attachants. Zita Hanrot apporte douceur, bienveillance mais aussi droiture et fragilité à son personnage de Samia. Elle est formidable. Tout comme Soufiane Guerrab, excellent en prof de maths qui manie l'autorité et la répartie avec la même dextérité, et Antoine Reinartz, en prof d'histoire-géo largué et inadapté à cet environnement. Alban Ivanov est une fois de plus top dans le rôle du pion déconneur et filou, secondé par Moussa (très bon Moussa Mansaly aka Sams). Le jeune Liam Pierron révèle ses dons de comédien : il incarne Yanis avec beaucoup de nuances. On espère le revoir bientôt à l'écran. Tout comme le reste du casting (impayables profs de sport et de musique) et certains enfants, notamment Hocine Mokando (Farid le mytho).
Rythmes et mouvements
A l'instar de ce grand corps social qui bouillonne, la mise en scène fait la part belle au mouvement, avec quelques belles séquences, comme celle d'une soirée au cours de laquelle se déroulent deux fêtes, l'une chez les profs, l'autre chez les élèves. Deux lieux, deux populations et finalement, la même envie de s'éclater et de profiter de la vie. Très beau montage en miroir sur le Shelly Anne de Red Rat.
La musique rythme d'ailleurs le film et participe à sa réussite. Il y a une scène émouvante dans laquelle un cours de musique prend une nouvelle dimension grâce au Samouraï de Shurik'n. L'utilisation de Pastime Paradise de Stevie Wonder rappelle le Gangsta's Paradise de Coolio, lui-même intégré dans la bande son d'Esprits rebelles (Dangerous Minds, 1995) de John N. Smith et dans lequel Michelle Pfeiffer interprète... une prof qui débarque dans un lycée difficile.
La musique rythme d'ailleurs le film et participe à sa réussite. Il y a une scène émouvante dans laquelle un cours de musique prend une nouvelle dimension grâce au Samouraï de Shurik'n. L'utilisation de Pastime Paradise de Stevie Wonder rappelle le Gangsta's Paradise de Coolio, lui-même intégré dans la bande son d'Esprits rebelles (Dangerous Minds, 1995) de John N. Smith et dans lequel Michelle Pfeiffer interprète... une prof qui débarque dans un lycée difficile.
L'édition proposée par Gaumont propose, outre le film, le clip de Je viens de là, la chanson collégiale qui accompagne le générique de fin. J'aurais aimé regarder un making of* et des entretiens avec les talents mais ne boudons pas notre plaisir : La Vie scolaire est un film résolument positif, dont le message dépasse le quartier qu'il nous fait découvrir. Après Patients (2017), avec beaucoup de sensibilité et d'originalité, Grand Corps Malade et Mehdi Idir brossent le tableau d'une société française imparfaite qui néglige sa richesse humaine et l'énergie qu'elle produit. Mais plutôt qu'un sombre constat, c'est un message d'espoir que nous transmet le duo. Si on arrête de râler, si on laisse tomber nos préjugés, si on s'en donne les moyens, on peut changer les choses. Il n'est pas question d'une révolution mais d'une prise de conscience, sans aucun moralisme. Et par les temps qui courent, ça fait vachement du bien.
* "Il existe une édition spécial Fnac double DVD et Blu-ray de La Vie scolaire qui comprend un making-of (durée: 1h14)", m'a précisé par mail B.H.B. El Khayrat. Et d'ajouter : "J'en sais quelque chose vu que j'en suis le réalisateur". Au temps pour moi donc et merci à lui pour l'info !
* "Il existe une édition spécial Fnac double DVD et Blu-ray de La Vie scolaire qui comprend un making-of (durée: 1h14)", m'a précisé par mail B.H.B. El Khayrat. Et d'ajouter : "J'en sais quelque chose vu que j'en suis le réalisateur". Au temps pour moi donc et merci à lui pour l'info !
Anderton
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