Buzz : Après le Top 10 de l'ami Marcel Martial, à mon tour de vous livrer mon Top 10 Cinéma 2019. Avec 13 films au compteur pour cause d'ex-aequo !
1) Ad Astra : James Gray tutoie les étoiles dans cette ce mixte idéal entre blockbuster et film d’auteur. Réussite parfaite : Brad Pitt minéral et déchirant ; une intrigue au plus près du mythe de la quête paternelle ; une réalisation qui s’appuie sur les classiques de la S-F pour mieux en renouveler les codes et l’imagerie ; des scènes inoubliables, appelées à devenir des références. Méditation sur la solitude et odyssée spirituelle, Ad Astra s’impose comme LE film de l’année, de très loin.
2) Le Traître : à plus de 80 ans, Marco Bellochio réussit l’impossible : étonner par la force d’une mise en scène incroyablement dense, précise et inventive ; renouveler l’un des genres les plus éculés : le film de mafia, pour en offrir une version inédite et explosive. A l’instar de Vincere en 2010, injustement revenu bredouille de Cannes.
3) Parasite : Palme d’Or qui recueille tant les suffrages de la critique que ceux du public, on n’avait pas vu cela depuis Le Pianiste de Roman Polanski. Ce n’est que justice pour Bong Joon Ho qui, après Snowpiercer et Okja, revient en Corée pour signer son film matrice, sur la lutte des classes, certes, mais aussi sur la lutte des sexes et le struggle for life. On en reparle dans dix ans ?
4) La Mule : Clint Eastwood ne désarme pas... et il fait bien ! Elégiaque et gorgé d’humour noir, La Mule parvient à émouvoir sur la destinée d’un papy flingueur, égoïste et non conformiste. Une leçon de cinéma et d’art de vivre, qui lui permet d’effacer l’injuste échec de son précédent film, Le 15h17 pour Paris. Peut-être parce qu’il y joue ?
5) Les Misérables : La Haine, version 2019 ? Un peu, mais pas que... Par le souffle et la force de sa réalisation, l’attention qu’il prête à tous ses personnages, sans exception, par ses morceaux de bravoure, Les Misérables s’impose comme LA révélation française de l’année. On a hâte de connaître la suite.
5 ex-aequo) Douleur et gloire : Et Pedro attend toujours sa Palme ! Pour sa 6e collaboration avec Antonio Banderas, le cinéaste touche au cœur et se livre un peu plus. La preuve ? Almodovar a reconstitué méticuleusement la déco de son appartement madrilène en studio. Et Banderas s’est fait la tête du cinéaste... Et rarement baiser échangé entre amants n’aura été aussi bouleversant. Sorte de Huit et demi revu à la sauce Almodovar, Douleur et gloire est le film le plus personnel de son auteur..
6) Le Mans 66 : De James Mangold, on n’attendait ni ce classicisme souverain, ni ce talent de conteur, ni ce discours sous-jacent à dimension économique et politique. Peut-être triche-t-il quelque peu avec l’histoire, mais il livre là l’équivalent automobile de ce que The Right Stuff fut au film de conquête spatiale. Et si j’avais pu regretter en son temps, malgré son brio, que Michael Mann ne fût pas aux manettes de Rush, il l’est ici, en tant que producteur. Ceci explique peut-être cela !
7) Grâce à Dieu : changement de registre pour l’insaisissable Monsieur Ozon qui après les réminiscences depalmesques de son Amant double prouve qu’on est capable en France de livrer des films dossiers qui n’ont rien à envier à ceux d’Alan J. Pakula ou Sidney Lumet. Trois portraits d’hommes abusés sexuellement par un prêtre dans leur jeunesse, Grâce à Dieu s’impose comme l’un des films les plus forts de son réalisateur.
7 ex-aequo) J’ai perdu mon corps : Le film d’animation de l’année ? En narrant l’odyssée d’une main sectionnée, les mésaventures de son (ancien) propriétaire et l’enfance de ce dernier, J’ai perdu mon corps fait preuve d’une audace narrative rarement vue dans l’animation made in France. Sublime musique éthérée de Dan Levy. Grand prix du Festival d’Annecy largement mérité.
8) J’accuse : Au-delà des polémiques concernant Roman Polanski, J’accuse résonne étrangement avec l’actualité : fake news, montée de l’antisémitisme, mise en place d’un Etat policier et militaire sous couvert de protection des libertés publiques... Surtout, J’accuse apparaît comme la quintessence de l’art du cinéaste : récit magistralement mené, reconstitution parfaire, direction d’acteurs irréprochable. Sans parler d’une mise en scène parfaitement maîtrisée, à l’instar de la scène inaugurale de la dégradation du capitaine Dreyfus. Indispensable.
9) Once upon a time in Hollywood : Fresque mélancolique sur un Hollywood qui n’existe plus, le 9e film de Quentin Tarantino contient de tels morceaux anthologiques qu’on lui pardonne ses négligences scénaristiques et ses facilités. Tel un petit enfant, le voilà en train de recréer ce qui aurait dû avoir lieu et n’a pas été. Ce qui rend son dernier film inoubliable – à l’instar de son dernier plan sur Sharon Stone.
10) So long, my son : Fresque mélancolique sur le destin d’un couple chinois confronté à la politique du fils unique So long my son bouleverse par sa manière de tisser des liens entre l’intime et le politique, les destins personnels au destinées de l’Histoire. Tout en assumant son substrat mélodramatique, le film de Wang Xiaoshuai a décroché un double prix d’interprétation lors de la Berlinale 2019.
10 ex-aequo) Un Jour de pluie à New York : Mis au placard par son producteur Amazon Studio pour des raisons purement extra-cinématographiques, Un Jour de pluie à New York sort en France 18 mois après sa réalisation. Et c’est un petit miracle. Virtuosité de l’écriture et de la réalisation, admirable jeu avec la lumière, direction d’acteurs hors pair : tels sont les ingrédients de cette énième réussite du cinéaste, qui s’offre là un véritable bain de jouvence.
Travis Bickle
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